Pour plaider sa cause auprès des autorités américaines, le gouvernement de la RDC a signé en décembre avec une compagnie israélienne spécialisée dans la sécurité et les nouvelles technologies, un important contrat de lobbying. C’est ce que révèle la publication ces derniers jours par le département de la justice américain d’une série de documents officiels. Depuis deux ans, les relations entre Washington et Kinshasa n’ont cessé de se détériorer autour des reports des élections, du maintien du président Kabila au pouvoir et des violences autour des manifestations d’opposition. Sous la présidence Obama, les Etats-Unis ont imposé des sanctions ciblées contre quatre responsables congolais pour leur implication dans la répression de manifestations d’opposition et l’actuelle administration fait toujours planer la menace de nouvelles sanctions.
Aux Etats-Unis les lobbyistes travaillant pour des « puissances étrangères » sont tenus de se déclarer auprès du département de la justice. A la lecture de plusieurs de ces formulaires de déclarations datés de la fin avril, on découvre que le gouvernement de la RDC a signé avec une société israélienne spécialisée dans la sécurité et les nouvelles technologies, MER Security and Communication Systems, un contrat de 5 575 000 dollars couvrant une période allant du 8 décembre 2016 au 31 décembre 2017.
MER doit notamment préparer la venue à Washington – manifestement programmée en juin – de « l’envoyé spécial de la RDC » aux Etats-Unis, Raymond Tshibanda, l’ex-ministre des Affaires étrangères. MER devra aussi organiser des réunions avec des responsables du gouvernement américain et des différentes commissions du Congrès.
Pour ce faire, le groupe MER s’offre les services d’un ancien membre de l’équipe de campagne de Donald Trump, Adnan Jalil, qui vient de monter son cabinet de lobbying, Aselus Strategies. Comme consultant Adnan Jalil aurait touché de MER 225 000 dollars et son cabinet Aselus, 45 000 dollars.
Un contrat qui pose en tout cas plusieurs questions : pourquoi le gouvernement congolais passe-t-il par une société israélienne dont ce n’est pas le métier pour organiser sa campagne de lobbying aux Etats-Unis ? Cet accord fait-il partie d’un contrat plus large passé avec cette société spécialisée dans la sécurité, le renseignement et les nouvelles technologies ? Quoiqu’il en soit pour ce contrat de lobbying, Kinshasa aurait déjà versé à MER 4,5 millions de dollars.