L’élection d’Emmanuel Macron en France n’aura pas refroidi les ardeurs des pourfendeurs du président Gabonais. Plus déterminés, ils perçoivent l’arrivée du centriste comme un signe du destin contre «les dictatures» et «les fraudeurs». Jo Lenen, le député européen, exhorte le nouvel élu à sanctionner Ali Bongo qu’il accuse d’avoir «frauduleusement» pris le pouvoir au détriment de Jean Ping «élu».
Vraisemblablement, ils sont nombreux à lui refuser une gouvernance tranquille. Chaque nouvelle opportunité étant bonne pour signifier au président gabonais le caractère «douteux» de son élection à la tête du pays. Avec l’élection d’Emmanuel Macron, l’occasion est trop bonne pour ne pas la saisir. En plus de la diaspora dont la mobilisation ne faiblit pas, Jo Lenen, le député européen en a remis une couche en suggérant que «le nouveau président doit changer la politique envers les dictatures et sanctionner surtout le fraudeur Ali Bongo», a-t-il écrit dans un post twitter.
L’élection controversée d’Ali Bongo en août 2016 lui est manifestement restée au travers de la gorge. Très impliqué dans la crise post-électorale gabonaise, il semble flairer un bon coup avec l’arrivée du centriste Macron qui s’est résolu d’entretenir avec l’Afrique des rapports affranchis des modes opératoires anciens.
«Je tiens à agir dans la transparence, loin des réseaux de connivence franco-africains et des influences affairistes dont on a vu que, malheureusement, ils subsistent encore dans le système politique français, en particulier à droite et à l’extrême-droite», avait confié Macron à Jeune Afrique, peu de temps avant son élection.
Le député européen qui milite toujours pour des sanctions contre le régime d’Ali Bongo, semble nourrir plus d’espoir avec l’arrivée de cet économiste aux idées neuves. Emmanuel Macron préconise une aide au développement plus renforcée, en décuplant l’engagement de la France de 0,7% de sa richesse nationale entre 2017 et 2030, notamment dans les domaines de lutte contre le dérèglement climatique, les droits des femmes, l’éducation et la formation, les infrastructures, la bonne gouvernance, le développement du secteur privé et de l’emploi.
De même, il se veut sévère contre les gouvernements véreux. «Nous devons être prêts à reconsidérer notre soutien aux gouvernements qui bafouent les droits les plus fondamentaux», a-t-il prévenu, soulignant qu’il s’inscrit dans le respect des codes démocratiques. «Je défendrai le respect des principes démocratiques fondamentaux partout en Afrique, en lien avec l’Union africaine et les organisations régionales qui ont un rôle majeur à jouer pour faire respecter ces principes de bonne gouvernance démocratique que les pays d’Afrique ont définis», avait averti le président de 39 ans.
Conscient des liens humains qui sous-tendent les relations entre l’Afrique et la France, avec une population française aux origines africaines estimée à environ 10% et près de 300 000 ressortissants français résidents en Afrique, Macron se propose d’approfondir des liens plus prononcés avec les acteurs de la société civile et acteurs économiques. Une démarche qu’il estime «vitale pour aussi en terminer avec certains réseaux de connivence qui n’ont plus lieu d’être», pense-t-il.
Auteur : Alain Mouanda