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Après le dialogue politique, la perspective d’un gouvernement avec les opposants

Les assises politiques d’Angondjé achevées, les opposants ayant pris part à ces discussions n’en attendent plus que les dividendes, notamment leur entrée au gouvernement. Lors de la lecture de la seconde partie du rapport des travaux, Thierry d’Argendieu Kombila, co-rapporteur pour l’opposition, a annoncé une recommandation pas du tout passée inaperçue : la mise en place d’un «nouveau gouvernement». Dans certains états-majors politiques, c’est la montée des enchères. Morceaux choisis dans la rumeur et les conversations de couloirs.

En dehors du Pr. Léon Mbou Yembi, leader du Forum africain pour la reconstruction (Far) qui s’est déclaré pas du tout intéressé par une entrée au gouvernement, les autres chefs de file de l’opposition, notamment ceux qui étaient proches de Jean Ping ou ceux ayant publiquement reconnu la victoire de celui-ci, disent n’avoir pas fait le déplacement d’Angondjé pour rien : ils revendiquent une place au gouvernement. Selon les proches d’un bon nombre d’entre eux, ce sera le gouvernement ou rien. Dans certains cercles politiques, la déception serait grande de ne pas figurer dans la prochaine équipe gouvernementale.

Ndemezo’o Obiang, vice-président de la République ?

Sauf s’il décidait de commettre un «infanticide» et même si durant le Dialogue il a laissé entendre «ce n’est pas ce qui empêchera ma nomination», Pierre Claver Maganga Moussavou ne devrait pas faire partie de la future équipe gouvernementale. Son fils, Biendi, qui était également membre de la délégation de l’opposition au Dialogue d’Angondjé, devrait être confirmé ou muté vers un autre portefeuille ministériel. Idem pour ceux qui y figuraient déjà, notamment Bruno Ben Moubamba qui devrait être rétrogradé au rang de ministre d’Etat, et Estelle Ondo. Quant à Robert Tchoréré, Augustin Moussavou King, Monique Rékaty et Thierry d’Argendieu Kombila, leurs proches affirment qu’ils espèrent – pour certains – et qu’ils sont convaincus – pour d’autres – qu’ils feront partie de l’équipe devant être annoncée dans les prochains jours, et dont les consultations auraient démarré depuis le début de cette semaine. «Beaucoup parmi eux ne se voient pas ailleurs qu’au gouvernement», semble ironiser un membre éminent de la délégation de la majorité.

Pour leur part, les soutiens de René Ndemezo’o Obiang se disent convaincus que leur mentor ne peut pas ne pas être nommé vice-président de la République. Pour avoir, selon eux, subi toutes les critiques de l’opinion, notamment celles de traîtrise, lui, l’ancien directeur de campagne de Jean Ping, ne peut redevenir un «simple ministre», voire un «simple» ministre d’Etat. Serait-ce le prix de ce que certains qualifient de «trahison» ? Mais, en réalité, à 70 ans (âge officiel), René Ndemezo’o o Obiang donne, en public, des signes irréfragables de fatigue physique et de lassitude morale. Il dort énormément lors des séances de travail. Certains opposants présents à Angondjé pensent qu’il n’est pas vraiment obligé d’être dans l’exécutif. Ne pourrait-on pas le contenter en le faisant servir au Conseil national de la démocratie (CND) par exemple, se demande un membre de l’opposition, avant d’ajouter : «cela montrerait une certaine grandeur d’esprit et d’âme, un certain recul quant aux privilèges et aux honneurs, et donc un amour certain pour la patrie».

Issozé Ngondet, toujours maître du «2-Décembre» ?

De leur côté, dans la majorité, les proches d’Emmanuel Issozé Ngondet se disent convaincus que celui-ci sera reconduit à l’immeuble du «2-Décembre», siège de la Primature. Proche de ceux qui jouissent de la confiance et de l’écoute du chef de l’État, à savoir Ali Akbar Onanga Y’Obéghé, Martin Boguikouma et Guy Rossatanga Rignault, l’actuel Premier ministre n’a pas l’air de se faire trop de soucis.

Pourtant, quand on convoque l’histoire : après de telles négociations, seul Jean Eyéghé Ndong était resté en poste à la Primature : c’était après la signature des Accords d’Arambo en 2006. En revanche, Léon Mebiame et Casimir Oyé Mba avaient été priés de quitter le «2-Décembre». Ce fut, pour le premier, après la Conférence nationale de mars-avril 1990. Le Flic (Léon Mébiame) fut remplacé par le Banquier (Casimir Oyé Mba). Et ce fut, pour celui-ci, après la signature des Accords de Paris en octobre 1994. Le médecin (Paulin Obame Nguéma) prit la succession du Banquier (ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, BEAC).

Il est vrai que, sous l’Émergence, les critères de promotion ou de récompense ont changé de paradigme. Les amitiés ont généralement été placées au-dessus des intérêts du pays. Mais, en fait, dans l’opinion, on pense que pour ne pas donner l’impression d’un surplace, l’impression du «tout change pour que rien ne change», certaines têtes devraient être sacrifiées dans l’intérêt du Gabon.

Toujours, dans la majorité, de nombreux ministres, parmi lesquels ceux ayant assisté au Dialogue Politique, murmurent leur optimisme quant à leur maintien. Certains députés ayant «mouillé le maillot» pour qu’«aucune position présidentielle ne soit perdue lors du dialogue» comptent tirer avantage de leur présence à Angondjé. Le gouvernement pressenti pourrait donc être pléthorique, avec les ministres actuels convaincus de rester, les élus de la majorité qui souhaitent revenir ou être récompensés, et les opposants qui estiment devoir être récompensés pour avoir fait montre de «dépassement» en allant au Stade de l’Amitié sino-gabonaise.

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