Le président de la République a tenu à faire le point sur les récents pourparlers qui ont abouti sur une série de recommandations.
Tout est bien qui finit bien. Les portes du dialogue politique initié par Ali Bongo Ondimba se sont refermées vendredi dernier. A l’heure du bilan, il ressort que les Gabonais ont dû taire leurs divergences pour converger vers un objectif commun : l’avenir de leur pays. Même si une partie de l’opposition qui n’a pas pris part à ce dialogue sollicite maintenant de dialoguer avec le Chef de l’Etat
Du 28 mars au 26 mai dernier, ils étaient assis pour laver en famille le linge sale, tourner la page des violences postes électorales et décidé de renouer d’avec le vivre-ensemble.
Dans un entretien accordé à la presse au terme de la cérémonie de clôture du dialogue politique, le président gabonais se félicite du bon déroulement des travaux et salue l’esprit patriotique qui aura prévalu tout au long des assises. «Cela n’a pas été facile. Je tiens encore une fois à rendre un grand hommage aux différents acteurs qui ont su privilégier d’abord l’intérêt national, l’intérêt public avant les intérêts particuliers. Chacun a laissé et mis de côté son égo, sa fierté pour ne penser simplement qu’à être une seule personne : un Gabonais ou une Gabonaise», a-t-il souligné.
Accords d’Angondjé
Qualifiant les Accords d’Angondjé de «très ambitieux», il invite ses compatriotes à se les approprier et entend s’investir pleinement en faveur de leur mise en œuvre. «Je vais moi-même être derrière le gouvernement, le Parlement qui devrait traduire en actes tout ce qui a été décidé par nos compatriotes. Pendant trop longtemps, nous avons subi les outrages, subi les violences et il faut vraiment un mot très important pour que nous puissions vivre de manière apaisée la vie politique dans notre pays. C’est possible si nous le voulons tous», a expliqué Ali Bongo Ondimba.
Tout en invitant ceux des Gabonais, sans les citer, qui continuent de camper sur leurs positions revanchardes à regagner les rangs. «Ne pas le vouloir, ce n’est pas être patriote car, comment peut-on persister dans la violence? Comment peut-on persister dans l’invective? C’est là la question. Et aujourd’hui, devant l’histoire, nous pouvons regarder nos compatriotes d’aujourd’hui et de demain en face pour dire que nous avons fait œuvre utile pour notre pays. Nous avons contribué à ce que les Gabonais et les Gabonaises se parlent, mais surtout vivent mieux dans leur pays et non ailleurs», a ajouté le chef de l’Etat.
Synthèse des deux dialogues politiques ?
Quant à ceux qui plaident pour un troisième dialogue qui ferait la synthèse des grand-messes convoquées par Jean Ping et par lui, Ali Bongo Ondimba préfère remettre chacun face à ses responsabilités et fustige le manque de courtoisie dont ont fait montre certains acteurs de la scène politique gabonaise.
«La courtoisie et la politesse auraient consisté en ce qu’ils acceptent mon invitation et qu’ils viennent s’asseoir pour dialoguer, si tel était vraiment leur désir. Nous les avons attendus, nous les avons invités. Ils ont décliné cette offre. Ils ont préféré la politique de la chaise vide. Eh bien, le message est très simple : la chaise vide ne paie pas car, ils ont pensé pouvoir influencer les différents participants au dialogue. C’était ça leur but : influencer dans un sens ou dans un autre la tenue de ce dialogue mais ça ne s’est pas passé comme voulu», a-t-il dénoncé.
Pour lui, une telle option ne saurait être envisagée dans la mesure où la majorité des Gabonais ont déjà tranché. «Des Gabonais et des Gabonaises courageux ont décidé malgré tout de se rencontrer et de parler de leur pays et c’est le plus important. La majorité des partis politiques, la majorité des associations est venue pendant plus d’un mois pour se parler. Alors, faut-il que pour une ou deux personnes nous ne tenions pas compte de ce que la majorité a décidé ? Ce serait insulter toutes ces associations, insulter tous ces compatriotes, insulter la majorité des partis politiques qui sont, eux, venus et qui ont travaillé pour leur pays», prévient-il.
«De temps en temps, ils ont mis de côté leurs égos parce que certains sont aussi chefs de partis, certains sont des anciens candidats, certains sont des personnalités, des anciens de ce pays et toute cette jeunesse qui s’est mobilisée. Doit-on insulter tous ces participants parce que deux ou trois ont refusé l’appel au dialogue, l’appel à négocier avec d’autres Gabonais qui ont refusé la main tendue?», s’est interrogé le président de la République.
Main tendue et perspectives
C’est un secret de Polichinelle, le Gabon traverse une crise sociale marquée par d’interminables et des grèves à répétition. Conscient de cette situation, le président de la République entend poursuivre le combat pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses compatriotes.
«La trêve sociale est plus que d’actualité. Je pense que cela est une très bonne recommandation qui a été faite et que nous devons absolument mettre en place. Nous avons un plan de relance important à mettre en application. Vous savez très bien la situation dans laquelle se trouve le pays. Vous savez très bien que malgré les efforts qui ont été les nôtres, le pays est dans une situation délicate, du fait de la baisse du prix de pétrole. Si nous n’avions pas pris les devants pour la diversification de notre économie aujourd’hui, nous serions dans des situations extrêmement difficiles. Alors, la poursuite du programme économique avec la diversification économique est très importante pour permettre à nos compatriotes de continuer demain à garder espoir et de vivre mieux», tient à rassurer Ali Bongo Ondimba.
Avant de tendre une fois de plus la main à ceux qui trainent toujours les pieds à rejoindre la barque. «Nous en appelons, encore une fois, à ce que les égos se mettent de côté pour privilégier l’intérêt commun. Je rappelle surtout que nous avons déjà consentis de gros efforts depuis deux ans avec une hausse très importante des salaires», lance-t-il.
En termes de perspectives, le président de la République a également évoqué les grands changements qui devront intervenir dans les prochains jours avec la mise en œuvre des Accords d’Angondjé.
«On vous parle d’un redécoupage électoral, on vous parle d’un certain nombre de décisions, on parle de la réorganisation de l’instrument qui va gérer les élections. Vous vous doutez bien que tout cela va impacter le calendrier. Toutes les recommandations et les points d’accord sont les fruits d’un mois de travail. Devons-nous mettre tout cela de côté pour continuer avec les mêmes lois qui sont décriées ? C’est là la question je vous la pose!», a conclu Ali Bongo Ondimba.