Au Gabon, Jean Ping a tenu une allocution attendue, ce vendredi 2 juin. L’ancien candidat à la présidentielle se considère toujours comme le chef de l’Etat élu. Il s’exprimait quelques jours après deux de ses principaux alliés. Casimir Oye Mba et Guy Nzouba Ndama avaient coup sur coup appelé à un dialogue avec le pouvoir, alors que les autorités venaient justement de boucler deux mois d’un dialogue national avec une autre frange de l’opposition. Malgré la pression, Jean Ping est resté fidèle à sa ligne.
« C’est non ! C’est niet ! » a répondu Jean Ping à toute idée de dialogue avec Ali Bongo. L’ancien candidat est resté droit dans ses bottes. Après l’ouverture proposée par ses alliés, il a conservé sa rhétorique offensive, qualifiant Ali Bongo, de monstre et d’usurpateur.
Le tout récent dialogue national est décrit comme une « kermesse » et un « échec ». Jean Ping a toutefois pris soin de ménager ses alliés malgré leurs prises de position. Dans une allusion, il s’est adressé à « ceux de ces amis et partenaires qui, de bonne foi, proposent d’accepter de dialoguer ». Il leur a néanmoins demandé « de ne pas oublier les enfants tombés sous les balles ».
Selon un membre de la coalition d’opposition, l’ancien candidat « ne peut pas se désolidariser des autres, sinon l’alliance pourrait exploser ». Les récents discours d’ouverture ne l’auraient d’ailleurs pas pris de cours. « Jean Ping savait que ses deux alliés allaient se déclarer favorables à un dialogue », explique une source à RFI, précisant que la veille de son discours, il s’est réuni avec eux pour préparer son allocution.
J’ai décidé de rester aux côtés du peuple patriote et résistant, et je persiste dans mon refus de dialoguer avec Ali Bongo.
Jean Ping, opposant gabonais
Dans une conclusion où chaque mot a été pesé, l’opposant a parlé d’une « nécessaire réconciliation nationale », ajoutant qu’il restait « ouvert » et qu’il lançait un appel à une médiation internationale, mais seulement pour que sa victoire électorale soit reconnue. Jean Ping marche sur des oeufs. Certains le disent même « prisonnier d’une posture », face à une base qui pourrait le lâcher au moindre signe de faiblesse à l’égard du pouvoir.