Le président du parti les Démocrates, membre de l’opposition radicale, ne cache pas son désaccord avec l’actuel occupant du palais du Bord de mer. Dans une interview parue dans l’hebdomadaire La Loupe du 13 juin, Guy Nzouba Ndama a été catégorique : «Je ne suis pas prêt à discuter avec Ali Bongo».
L’ancien président de l’Assemblée nationale veut rester constant dans la démarche adoptée par l’opposition radicale menée par Jean Ping, depuis la dernière élection présidentielle, à savoir ne pas céder sur les positions défendues. Cela se vérifie dans cette longue interview parue dans l’hebdomadaire La Loupe du 13 juin.
Pour l’ancien cadre du Parti démocratique gabonais (PDG), le pays traverse une situation «catastrophique». Tous les voyants sont au rouge. Cela est perceptible sur les plans économique, politique et social. Guy Nzouba Ndama souligne que si «crise postélectorale n’a pas encore trouvé son épilogue», elle est amplifiée par «la mal gouvernance d’Ali Bongo qui a conduit le pays à la banqueroute». Le président de Les Démocrates explique cela par le fait que le Gabon recours désormais aux emprunts obligataires pour renflouer les caisses de l’Etat et dont les résultats sont quasi inexistant sur le terrain.
Sur le plan social, il estime que les choses ne fonctionnent parce que le pays est désarticulé par des «grèves multiformes et multisectorielles qui secouent considérablement le pays.»
Une situation potentiellement explosive car, souligne Guy Nzouba Ndama, «l’exaspération des Gabonais risque de conduire vers des situations inespérées qui feront en sorte que nous n’ayons plus le contrôle de rien sur les changements». Et si le pays bascule dans cette direction, les «tenants du conservatisme seront les premiers perdants et le pays avec», alerte l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Le récent Dialogue politique organisé par le président Ali Bongo est en bonne place dans cette interview. Guy Nzouba Ndama estime que ces travaux n’ont qu’été «un banquet, des retrouvailles entre amis qui ont commencé dès le mois d’août dernier, quand les candidats de zéro virgule quelque chose avaient reconnu la victoire d’Ali Bongo». Il estime que ce sont les mêmes qui se sont rendus à Angondjé pour avaliser le pouvoir «émergent autour de plusieurs jours de fêtes».
Pour l’ancien proche d’Omar Bongo les conclusions de ces assises ne sont «ni à la hauteur des moyens qui ont été mis pour l’organisation…ni du tapage qui a été fait et qui promettait des changements considérables». «Ils ont tort de penser que ces conclusions sont la panacée des problèmes qui se posent aujourd’hui au Gabon», a-t-il déclaré.
S’il admet qu’à un moment donné le pouvoir et la coalition à laquelle il appartient devraient discuter, il reste catégorique sur sa position quant à une éventuelle discussion avec le président Ali Bongo. «En tant que Guy Nzouba Ndama, je ne suis pas prêt à discuter avec Ali Bongo. Et même en tant que président du parti Les Démocrates, je ne le ferai pas», a-t-il déclaré. Selon lui, toute initiative individuelle entreprise hors de la Coalition est vouée à l’échec «Regardez ceux qui sont allés au Dialogue. Qu’est-ce qu’ils ont eu, si ce n’est la honte de leur vie ?», a-t-il renchéri.
Interrogé sur ce qu’il escompte de l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée, il dit ne rien attendre et qu’il devrait en être ainsi pour tout le monde. «J’ai apprécié son discours à Alger lorsqu’il a osé dire que le colonialisme était un crime contre l’Humanité», précisant qu’il l’avait dit dans sa posture de candidat. Cependant, l’ancien président de l’Assemblée nationale assure qu’il ne faut pas rêver. «Emmanuel Macron ne fera rien. Notre salut dépend de nous-mêmes et de notre volonté à vouloir que les choses changent», a-t-il déclaré.