Arrivée à Libreville en mai 2015, Sylvie Dossou, la représentante résidente de la Banque mondiale au Gabon et en Guinée Equatoriale, a annoncé, mardi 13 juin, la fin de son mandat. Sous sa supervision, la Banque mondiale a soutenu le développement du Gabon à hauteur d’environ 681,5 millions de dollars US (soit plus de 400 milliards de francs CFA) dans divers domaines. Ci-après, un bref aperçu de l’orientation donnée à ces fonds, les objectifs des différents projets initiés et les résultats enregistrés jusqu’à lors.
Le projet du Central African Backbone IV (CAB 4) : 81 millions de dollars (47,6 milliards de francs CFA)
Les principaux objectifs de ce projet sont de «favoriser la pénétration de l’Internet haut débit, accroître la portée géographique et réduire leurs coûts sur le territoire gabonais». Initié en 2010 aux côtés de la Banque africaine de développement (BAD), les résultats du chantier du CAB 4 sont jugés satisfaisants à ce jour par la Banque mondiale : «le régime d’accès ouvert et de PPP pour l’investissement a permis une baisse significative du prix de l’accès à Internet, une amélioration notable de la qualité de service, et une augmentation massive du nombre d’utilisateurs Internet. Le prix de détail des services Internet est passé de plus de 200 $US par Mbit/s par mois en 2010 à moins de 25 $US aujourd’hui. L’accès aux services Internet est passé de 14% de la population en 2010 à 92% fin 2016». La structure bancaire relève, en outre, des «avancées importantes réalisées sur le plan légal et réglementaire ayant permis l’entrée sur le marché d’investisseurs internationaux importants tels que le Groupe Vivendi Africa, contribuant grandement au dynamisme du secteur».
Le projet de Promotion de l’investissement et de la compétitivité : 18 millions de dollars (10,5 milliards de francs CFA)
Initié dans le cadre de l’assainissement du climat des affaires au Gabon, ce projet vise à améliorer l’investissement, à favoriser le développement de l’entrepreneuriat et à promouvoir les PME nationales. Depuis, il a permis la mise en place du HCI en janvier 2017, la mise en place d’un registre des entreprises et des garanties, le soutien au gouvernement dans l’élaboration d’un nouveau code de l’investissement et l’organisation des compétitions de création de projets ayant notamment permis à plusieurs entrepreneurs gabonais de créer de nouvelles entreprises.
Le projet de Développement des infrastructures locales II (PDIL 2) : 100 millions de dollars (58,8 milliards de francs CFA)
Celui-ci a pour but d’«améliorer l’accès aux infrastructures et services urbains dans les quartiers sous-intégré dans les neuf villes provinciales au Gabon». Depuis son lancement en janvier 2016, les résultats sont satisfaisants par la Banque mondiale, qui note une concentration des investissements dans les quartiers les plus démunis, avec la création des emplois temporaires à travers des travaux à forte intensité de main-d’œuvre dans le secteur du BTP, et le soutien du développement économique local dans ces zones. «La première tranche de travaux dans trois villes (Libreville, Port-Gentil, Oyem) vient de démarrer. Fin 2017, environ 3,7 km de voiries seront construits, bénéficiant à environ 8 000 habitants dans des quartiers précaires. Les travaux pour les six autres villes (démarreront) en 2018», annonce la Banque, qui indique que le PDIL 2 «soutient également le renforcement des capacités des municipalités dans la gestion municipale et le développement urbain, et l’élaboration de documents de planification et de priorisation des investissements et amélioration de la capacité institutionnelle et financière des municipalités».
Le projet du E- Gabon : 56 millions de dollars (32,9 milliards de francs CFA)
Il vise à améliorer la rapidité et la disponibilité des informations pour appuyer la prestation et la gestion des services de santé publique. Les résultats attendus sont : la favorisation du développement et le déploiement d’applications et de services de E-Santé, et services de TIC, tout comme il envisage le développement et le déploiement d’un nouveau Système d’information national sanitaire (Snis). Le projet vise également à maximiser l’utilisation des TIC pour répondre aux besoins du personnel et des systèmes de santé, et à permettre le développement d’un dossier médical électronique national et d’un soutien à la décision clinique.
Le projet lié aux statistiques : 50 millions de dollars (29,4 milliards de francs CFA)
A travers ce projet, le Gabon entend renforcer la disponibilité des statistiques, pour combler les lacunes en la matière et améliorer la production et la dissémination de données statistiques. L’objectif est d’améliorer les choix décisionnels, la planification et l’évaluation des politiques économiques et sociales, afin de s’assurer de leur efficacité et de leur impact. Parmi les résultats attendus : le lancement d’une enquête sur la pauvreté et les conditions de vie des ménages, dont les derniers chiffres remontent à 2005. «Les comptes nationaux et l’enquête sur les prix vont permettre de mieux comprendre comment l’économie fonctionne. A ce jour, les données utilisées pour définir les politiques économiques et budgétaires sont basées sur des données macroéconomiques dépassées», relève la Banque.
Le projet d’accès aux services de base en milieu rural et le renforcement des capacités : 60 millions de dollars (35,3 milliards de francs CFA)
Objectif de développement : Accroitre l’accès à l’eau et à l’électricité en milieu rural de façon pérenne. En 2018, ce projet financera les infrastructures rurales de services basiques en électricité et eau pour 44 localités dans les provinces de l’Estuaire, du Moyen-Ogooué et de l’Ogooué-Maritime. Ce projet bénéficiera à environ 5800 personnes. Le projet sélectionnera aussi un opérateur privé pour assurer la durabilité du service, à travers un mécanisme de financement assuré par les usagers ruraux du service et le gouvernement. Dans sa seconde phase, le projet financera les infrastructures rurales en électricité et eau pour 188 localités dans l’ensemble des provinces du Gabon. Cette seconde phase va bénéficier à environ 23100 personnes.
Le projet d’appui au développement des compétences pour l’employabilité des jeunes : 100 millions de dollars (58,8 milliards de francs CFA)
Les principaux objectifs de ce projet sont : le développement des compétences jeunes élèves et des étudiants gabonais, ainsi que la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes. D’ici à la fin de l’année 2017, la Banque mondiale espère que 150 jeunes bénéficieront d’un programme d’apprentissage et 100 d’un programme de stages. Deux centres de formation seront construits à Nkok, spécialisés dans le BTP et les TIC.
La gestion durable des écosystèmes humides critiques : 7, 5 millions de dollars (4,4 milliards de francs CFA)
Objectifs de développement : Améliorer la protection de la biodiversité dans les zones humides forestières sélectionnées sur la liste des sites Ramsar, à travers la création de connaissance et la mise en place des mesures de conservation pour une gestion durable de ces écosystèmes.
Le projet de gestion de la faune et des conflits Homme-Eléphant : 9 millions de dollars (5,2 milliards de francs CFA)
Objectifs de développement : Réduire le braconnage et les conflits Homme-Eléphant dans les zones cibles du projet, à travers les activités de lutte anti-braconnage, afin de sécuriser les éléphants dans leur habitat et de limiter ainsi les destructions de cultures, et de protéger les moyens de subsistance des communautés locales.
L’appui budgétaire pour la République gabonaise : 200 millions de dollars (117,7 milliards de francs CFA)
L’objectif de ce projet soutenir la consolidation budgétaire dans un contexte de crise, grâce à l’augmentation des recettes fiscales et au contrôle de la masse salariale. Il vise également à poser les jalons pour un environnement des affaires plus compétitif, améliorer l’efficacité des prestations de santé et des systèmes de protection sociale.
La situation économique du Gabon selon la Banque mondiale
La croissance en moyenne du Gabon a fortement dégringolé ces dernières années. Entre 2012 et 2014, elle s’est établie à 5,1%. En 2016, elle était de 2,1% et de 1% en 2017. Selon la Banque mondiale, le déficit budgétaire a été évalué à 6,6% en 2016, l’augmentation de la dette publique à 64%. Les réserves de change ont connu un déficit de 10% de la balance courante et les réserves estimées à 600 millions de dollars en fin 2016. Si elle assure que «le chômage reste élevé» dans le pays, la Banque estime que la «nécessité d’un ajustement budgétaire, (avec) la réduction des dépenses, l’accroissement des recettes, notamment celles intérieures» reste la voie du salut.