Les Gabonais étaient en émoi tout le vendredi après-midi. Des personnes cagoulées et armées ont tenté simultanément à Libreville de faire diffuser une vidéo de « révolution du peuple » donnant 72h à Ali Bongo pour quitter le pouvoir. Le cerveau de cette vaste opération insolite, Roland Désiré Aba’a Minko, tenait hier également dans la foulée, une conférence de presse pour expliquer cette opération sur les médias étatiques et à quelques encablures du commissariat central de Libreville. Retour sur une affaire qui sent la mise en scène politique à plein nez.
La journée du 16 juin 2017 restera assurément dans les annales de notre histoire commune. Et pour cause, un ancien candidat à la présidentielle d’août 2016, Roland Désiré Aba’a Minko (48 ans le 4 du mois prochain) aurait décidé avec d’autres, d’en finir avec 50 ans de règne de la famille Bongo sur le Gabon. L’opposant qui s’était retiré de la course au fauteuil présidentiel en dernière minute, aurait fomenté à l’aide quelques autres citoyens « déterminés », une opération d’envergure au nez et à la barbe des services secrets, de la DGR et des nombreux policiers postés à tous les artères de la capitale gabonaise.
Son opération dont il a revendiquer la paternité, consistait clairement à prendre d’assaut les médias privés dont TV+, Kanal 7 et autre Africa n°1 pour diffuser sa vidéo d’ultimatum au régime d’Ali Bongo, l’invitant à céder son fauteuil au risque de faire exploser des édifices publics. Bien que l’initiative de ces assaillants ait peu marché sur des roulettes, du fait de leur méconnaissances des exigences techniques des médias ciblés, le révolutionnaire politique aura tout de même réussi à s’offrir gracieusement une tribune au 13h de Gabon télévision pour faire passer son message. Une hérésie pour qui connait la ligne pro-régime de cette télévision publique.
Pour ne rien arranger, Aba’a Minko annonce avoir posé des bombes dans des lieux publics et ce, à quelques mètres seulement du principal commissariat de police de Libreville. Des bombes dont un aperçu aurait été oublié à Africa n°1, la radio panafricaine. Bombes qui n’auront pas du reste, nécessité nulle intervention de démineurs après que le commando ait pris facilement la poudre d’escampette. Toute chose qui contribue à faire sourire la toile sur les réels mobiles d’un tel spectacle à quelques jours de l’arrivée de la mission d’enquête préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) sur les violences imputées au régime d’Ali Bongo.
Il aura fallu attendre la fin d’après-midi d’hier pour le cerveau de cette sombre affaire de « révolution » à la bombe se rende de lui-même aux autorités dont il voulait le départ. Son interpellation s’est faite quelques trois heures seulement après sa conférence télévisée diffusée sur la chaîne publique, aux mains du régime. Roland Désiré Aba’a Minko est donc ce « révolutionnaire » qui pose des bombes à Libreville, annonce ses intentions sans contorsion sur les médias publiques et se rend à la police judiciaire avant même l’expiration des 72h de son ultimatum. Un terroriste politique qui faudra donc rapidement oublier tout comme la nature de son action éphémère qui laisse planer un sérieux doute sur la sincérité de son opération commando.
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