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Gabon: l’émirat pétrolier ouest-africain veut instaurer une allocation pour ses chômeurs

Le projet a suscité beaucoup d’espoir parmi les chômeurs gabonais dont le nombre ne cesse de croître. Le gouvernement a promis d’instaurer une allocation chômage pour les aider à survivre en attendant un nouvel emploi. L’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) parle «d’effet d’annonce». Son secrétaire général adjoint, Sylvain Mayabi, s’est confié à Géopolis.

Sylvain Mayabi sait de quoi il parle. Il fait partie des dirigeants de l’Onep, le plus grand syndicat du secteur pétrolier du Gabon qui a organisé en 2010 une grève générale, paralysant tout le pays. L’instauration d’une allocation chômage figurait en bonne place des revendications des grévistes gabonais. Le gouvernement avait dû céder face à la pression.

«Un accord avait été conclu sur la mise en place d’une allocation chômage pour les personnes à la recherche d’un nouvel emploi et une allocation-solidarité pour les jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi. Le gouvernement s’était engagé à soumettre à l’Assemblée nationale un projet de loi au plus tard le 31 décembre 2011. Un comité ad hoc piloté par le gouvernement et comprenant des partenaires sociaux devait se mettre en place pour les détails de la mise en application des accords. Six ans plus tard, on ne voit toujours rien. Tout cela reste des effets d’annonce.»

«Rien que des paroles», craint l’Onep

Le dossier est ressorti des tiroirs à la faveur de la présidentielle gabonaise de 2016. Sur instruction du président Ali Bongo, réélu pour un deuxième mandat, un nouveau code de sécurité sociale a été élaboré et présenté aux Gabonais.

«L’adoption de ce code fait suite à un constat accablant: trop de situations de détresse et de paupérisation vécues par les populations, en raison d’un accroissement démographique très marqué», a expliqué dans la presse le ministre gabonais des Affaires sociales, Pal Biyoghe Mba.

Reste à savoir quand le nouveau dispositif annoncé par le pouvoir entrera en vigueur pour soulager les chômeurs gabonais. Sylvain Mayabi reste plutôt sceptique. Pour lui, il y a un manque de volonté manifeste de la part du gouvernement.

«Le Gabon a la chance que n’ont pas d’autres pays pétroliers. C’est un pays qui a une faible population. Parfois on dit 1,8 million. Parfois 1,5 en tenant en compte les ressortissants des pays voisins qui vivent dans le pays. La population active est estimée à 30%. Ce n’est pas normal qu’un pays aussi riche avec une population active aussi faible, ne soit pas arrivé à mettre en place cette allocation chômage au moment où les conditions s’y prêtaient. En 2010, le prix du baril était à plus de 100 dollars lorsque l’Onep posait cette question. Il y avait des plus-values pétrolières estimées à des milliers de milliards. C’est tout simplement de la mauvaise volonté», regrette-t-il.

«Le règne de la débrouille»

Sylvain Mayabi décrit à Géopolis les conditions de vie particulièrement difficiles des chômeurs gabonais, «abandonnés à leur sort». Ils seraient au nombre de 120.000, selon l’Agence Ecofin, qui se réfère aux données publiées par la Banque mondiale. Soit 20% de la population active, estimée à 645.000 personnes.

«C’est le règne de la débrouille. Les gens essaient de trouver des petits boulots. Il y en a qui se font aider par les parents. Il y en a qui envoient la famille au village et qui restent seuls à se battre pour survivre. Des familles se disloquent. Des femmes abandonnent leurs foyers pour aller trouver de quoi vivre ailleurs, des jeunes s’adonnent à la prostitution. C’est un phénomène qui produit beaucoup de frustrations et de contestations. Malheureusement, ça n’a jamais été la priorité des gouvernants de ce pays d’assurer une redistribution des richesses.»


«Il en va de la paix sociale»

L’Organisation nationale des employés du pétrole appelle le gouvernement gabonais à traiter la question de l’allocation chômage avec grand intérêt et à aller au-delà des effets d’annonce. «Il en va de la paix sociale», prévient Sylvain Mayabi qui s’inquiète du taux particulièrement élevé des jeunes diplômés.

Après avoir bénéficié de bourses d’études dans des universités et grandes écoles étrangères, ils rejoignent le plus souvent leur pays, sans aucune perspective d’emplois, constate le syndicaliste gabonais. Eux aussi comptent sur les promesses gouvernementales pour obtenir un pécule leur permettant de survivre dans l’attente d’un premier emploi.

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