Les chefs d’Etats mis en cause dans l’affaire dite des «biens mal acquis», Ali Bongo, Denis Sasssou Nguesso et Teodoro Obiang Nguema Mbassogo, pourraient bientôt poursuivre en justice l’ONG Transparency International, auteure de l’ouverture d’une enquête en France à leur encontre en 2007.
L’initiative, si elle est menée jusqu’au bout, laisse penser à une vengeance de la part de Teodoro Obiang Nguema Mbassogo, dont le fils, Teodorin Obiang, a été jugé en France pendant près de trois semaines. Poursuivi par le tribunal correctionnel de Paris pour la constitution frauduleuse présumée de son patrimoine en France, le vice-président équato-guinéen risque trois ans de prison et 30 millions d’euros. Avant le verdict attendu pour le 27 octobre prochain, le paternel veut contrattaquer. Pas étonnant. Avec l’ancien président gabonais Omar Bongo et le président congolais Denis Sassou Nguesso, il est cité par l’ONG Transparency International dans l’affaire dite des «biens mal acquis». Une affaire en instruction depuis dix ans.
«Je vais me concerter avec le fils d’Omar Bongo et avec [Denis] Sassou Nguesso, qui sont aussi confrontés à cette affaire des biens mal acquis», a annoncé, le 6 juillet, le président de la Guinée équatoriale, à la faveur d’une conférence de presse organisée à Bata à l’issue du 6e congrès du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE). Avec ses homologues, Teodoro Obiang Nguema Mbassogo entend déposer plainte contre Transparency International. Si le libellé exact de cette plainte n’est pas encore connu, son futur auteur assure déjà que «l’achat de biens en Europe n’est pas interdit par une quelconque disposition nationale ou internationale». Pour lui, «un pays tiers ne peut [pas] non plus déclarer illégaux des biens en provenance d’un autre pays». D’autant que, a-t-il affirmé, les propriétés acquises en France par lui, son fils et ses homologues l’ont été avec de l’argent légalement gagné. Celles-ci ne peuvent donc pas être considérées comme des biens mal acquis.
A 74 ans, le président équato-guinéen ne serait pas à sa première tentative de confondre son principal accusateur. En 2012, il avait déjà encouragé son fils à poursuivre en justice le président de Transparency International pour diffamation, à la suite d’une interview le 16 février 2012 dans Le Parisien. Seulement, en 2014, Daniel Lebègue et le journal français avaient été relaxés au bénéfice de la bonne foi. Mais cette fois, Teodoro Obiang Nguema Mbassogo entend contraindre le gouvernement français à «amener la justice à respecter les accords de coopération réciproques que la France a souscrite avec la Guinée équatoriale», y compris le Gabon et le Congo. Tout ceci, a-t-il prétendu, «s’apparente à de la mascarade».