Moody’s a abaissé, en ce mois de juillet, la note du Gabon de B1 à B3, avec le maintien des perspectives négatives. Une tendance dépréciative consécutive à la détérioration des finances publiques en raison de la chute du prix du baril de pétrole, d’un manque de politique d’ajustement adaptée et de tensions de trésorerie pour le gouvernement.
Aux yeux des agences internationales de notation financière, la descente aux enfers continue pour le Gabon. Dans sa publication de juillet courant, Moody’s a abaissé la note du Gabon de B1 à B3, avec le maintien des perspectives négatives. L’agence a également abaissé la valeur de la devise locale du pays ainsi que l’obligation de devises étrangères et les plafonds de dépôt, de Ba1 à Ba3. «La baisse d’estimation a conduit au changement dans les plafonds», a déclaré Moody’s.
Selon l’agence de notation financière internationale, cette note dépréciative est la conséquence de la détérioration des finances publiques en raison de la chute des prix du baril de pétrole et du manque de politique d’ajustement adaptée. L’agence a aussi mis en avant des tensions aiguës de trésorerie au niveau du gouvernement, ainsi qu’en témoigne l’accumulation d’arriérés de paiement. «La perspective négative reflète des incertitudes concernant la stratégie du gouvernement de refinancer la dette mûrissante et financer son déficit en dépit du soutien des créanciers officiels restant conditionnel», a noté Moody’s.
S’attardant sur la détérioration des finances publiques, Moody’s estime que le choc des prix du pétrole a entraîné une baisse marquée des recettes du gouvernement gabonais à 17% du Produit intérieur brut (PIB) en 2016. Dans le même sens, la dette publique du Gabon s’est également détériorée à 55% du PIB en 2016. «Alors que les déficits budgétaires devraient s’accroître dans le cadre macroéconomique convenu avec le FMI concernant le fonds élargi récemment approuvé, l’apurement des arriérés va peser sur le solde de la trésorerie du gouvernement, ce qui perpétue la trajectoire de la dette à la hausse», a analysé Moody’s. En 2017, le niveau d’endettement du pays devrait ainsi s’établir à 57% du PIB en 2017.
A la lumière de la dernière publication de Moody’s, l’accumulation d’arriérés par le gouvernement est symptomatique de l’augmentation des pressions de liquidité. A savoir, la difficulté du gouvernement à faire face aux paiements en raison de sources de financement contraignantes. «Cela dit, le gouvernement du Gabon avait encore 2,6% du PIB dans les réserves fiscales à la fin de 2016. À l’avenir, la baisse persistante du prix du pétrole, la nécessité de liquider les arriérés dans le cadre d’un programme du FMI afin de relancer l’économie non pétrolière, pèsera sur les besoins de financement nets (estimé à 12-15% en 2017) du gouvernement», a déclaré Moody’s.
Face à des besoins de financement aussi importants cumulés aux pressions associées à la balance des paiements, le gouvernement a dû recourir à un programme du FMI fournissant un financement de 642 millions de dollars (4,6% du PIB) dans le cadre de son Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Si ce programme aidera progressivement le gouvernement à freiner la détérioration des finances publiques et à combler les lacunes en matière de financement, il n’en demeure pas moins que des risques demeurent. Notamment ceux liés à la stratégie du gouvernement à refinancer la dette à échéance et à financer son déficit.
La capacité du gouvernement à épurer sa dette intérieure est limitée en raison des marchés régionaux de la Cemac peu profonds et de la demande accrue de financement émanant des autres pays membres de cet espace sous-régional. En témoigne la série d’emprunts obligataires lancés par le Trésor public ces derniers mois, très souvent en deçà des 100%. Par ailleurs a soutenu Moody’s : «Alors que le programme du FMI pourrait renforcer la confiance des investisseurs étrangers (…) l’existence d’arriérés peut nuire à leur appétit».