Le chef de l’EI est mort, selon une ONG syrienneExtrait d’une vidéo montrant le chef du groupe jihadiste Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, à Mossoul, diffusée le 5 juillet 2014 ((c) Afp)
Publié le 11 juillet 2017 à 14h33
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Beyrouth (AFP) – Le chef du groupe Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi est mort, a annoncé mardi une ONG syrienne, au lendemain de la proclamation par l’Irak de sa victoire à Mossoul face à l’organisation jihadiste.
Si la mort du chef de l’EI était confirmée, il s’agirait d’un nouveau coup très dur porté contre ce groupe responsable d’atrocités et d’attentats meurtriers, qui vient de perdre son dernier grand bastion urbain en Irak et qui est la cible d’une offensive dans son fief de Raqa en Syrie voisine.
« De hauts responsables de l’EI présents à Deir Ezzor (province de l’est syrien contrôlée en grande majorité par les jihadistes, ndlr) ont confirmé à l’OSDH la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi », a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH, basé en Grande-Bretagne et qui dispose d’un large réseau de sources en Syrie.
« Nous l’avons appris aujourd’hui (mardi) mais nous ignorons quand ou comment il est mort », a-t-il ajouté.
Le 22 juin, la Russie avait affirmé avoir « selon une forte probabilité » tué Baghdadi dans une frappe aérienne fin mai près de la ville de Raqa (nord) en Syrie, une information qui n’avait été confirmée par aucune autre source.
La coalition internationale antijihadistes dirigée par Washington a affirmé de pas être en mesure de vérifier l’annonce de l’OSDH.
« Je n’ai pas la moindre idée » du sort de Baghdadi, a affirmé le général américain Stephen Townsend, chef des forces de la coalition.
« J’espère qu’il est bel et bien mort. Et s’il ne l’était pas, il le sera dès que nous saurons où il se trouve », a-t-il souligné lors d’une vidéoconférence depuis Bagdad.
« Nous avons des professionnels qui utilisent toutes les informations à leur disposition (…) avant de pouvoir confirmer des allégations », a de son côté indiqué le porte-parole américain de la coalition, le colonel Ryan Dillon.
Sur Twitter, le président américain Donald Trump s’est félicité de « Grandes victoires contre l’EI! », sans préciser s’il faisait référence à la reprise de Mossoul, à la mort de Baghdadi ou aux deux.
– Multiples rumeurs –
Depuis 2014, des rumeurs et des informations sur la mort du chef de l’organisation jihadiste ont régulièrement circulé. Mais elles n’ont jamais été confirmées. Les Etats-Unis ont offert 25 millions de dollars pour sa capture.
Baghdadi « était présent dans l’est de la province de Deir Ezzor » ces derniers mois, a précisé M. Abdel Rahmane, qui a toutefois souligné qu’il n’était pas clair s’il avait été tué dans cette région ou ailleurs.
Dans l’immédiat, l’EI n’a pas réagi sur ses canaux de communication habituels.
La mort du chef de l’EI a fait l’objet de multiples rumeurs ces dernières années.
Abou Bakr Al-Baghdadi n’a plus donné signe de vie depuis un enregistrement audio diffusé en novembre, peu après le lancement de l’offensive sur Mossoul, dans lequel il exhortait ses hommes à lutter jusqu’au martyre. Il aurait quitté la ville en début d’année, probablement pour la frontière irako-syrienne.
C’est à Mossoul, grande ville du nord de l’Irak, que le chef de l’EI avait fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri.
Les jihadistes ont détruit cette mosquée et dynamité son minaret face à l’offensive des forces irakiennes.
L’Irak a proclamé lundi la « libération » de Mossoul du joug de l’EI, sa plus importante victoire face au groupe jihadiste qui avait conquis la ville en juin 2014.
Ce succès ne porte toutefois pas le coup de grâce à l’EI, qui détient toujours des portions de territoires en Irak, et des secteurs plus importants en Syrie même s’il a également perdu du terrain dans ce pays où son fief de Raqa est assiégé par des forces soutenues par les Etats-Unis.
– Tâche titanesque –
La victoire à Mossoul a été obtenue au prix de milliers de victimes, civils et militaires, d’une crise humanitaire énorme et de destructions colossales.
L’Irak est désormais confronté à la tâche titanesque de sécuriser, reconstruire et assurer le retour des habitants dans la deuxième ville du pays, ravagée par près de neuf mois de combats.
C’est surtout la partie occidentale de Mossoul et son coeur historique qui ont subi le plus gros des destructions, du fait des combats rapprochés, des raids aériens et des attaques et explosions provoquées par les jihadistes.
Mardi, les troupes irakiennes ratissaient un petit réduit du vieux Mossoul où se cacheraient encore les derniers jihadistes.
L’ONG Amnesty International a accusé les forces irakiennes et la coalition internationale qui l’appuie d’avoir parfois eu recours à une utilisation inadaptée de la force dans des zones peuplées de civils.
Les organisations humanitaires ont d’ailleurs souligné que la grave crise humanitaire était loin d’être terminée.
D’après Amnesty, la dernière partie de la bataille de Mossoul a été lancée et gagnée « à n’importe quel prix », les civils payant un très lourd tribut.