Actuellement en tournée internationale, Jean Ping a livré ses attentes autour de la communauté internationale dont il espère l’implication pour une sortie de crise au Gabon. D’autant que pour lui : «la population veut en découdre contre le régime» d’Ali Bongo.
Dans le cadre du périple au cours duquel il sollicite une médiation internationale pour le départ du pouvoir d’Ali Bongo, Jean Ping s’est confié sur les tenants et aboutissants de sa démarche. Dans un entretien au quotidien suisse Le Temps, le 11 juillet à Genève, le candidat à la présidentielle 2016 n’y est pas allé par quatre chemins : «Nous voulons que la communauté internationale s’implique dans une sortie de crise. Il faut une médiation internationale pour qu’Ali Bongo renonce au pouvoir et que justice soit faite aux Gabonais».
48 heures avant son arrivée en Suisse, Jean Ping a été reçu à l’Elysée, à Paris, première étape de sa tournée internationale. Un aspect sur lequel il n’a cependant pas souhaité s’attarder. «J’ai été reçu à l’Elysée et à Matignon mais je ne peux pas vous dire par qui exactement. C’est à mes hôtes de communiquer là-dessus s’ils le souhaitent», a-t-il simplement déclaré. N’empêche, ce dernier est bien conscient du rôle de la France dans le dénouement de la crise postélectorale au Gabon.
«Je suis convaincu qu’Emmanuel Macron vise une modernisation de la France ainsi que de ses relations avec l’Afrique. Il veut sortir des vieux schémas», a affirmé Jean Ping, annonçant qu’après Genève, son périple le mènera à Berlin puis à Bruxelles. Plus loin dans son entretien avec le média suisse, celui qui revendique toujours sa victoire au dernier scrutin présidentiel s’est prononcé sur le non aboutissement des actions entreprises jusqu’ici par l’Union européenne (UE).
«L’UE a fait tout ce qu’elle a pu. Mais il faut maintenant qu’elle décrète des sanctions contre les principaux responsables des exactions au Gabon. Je crois que les Européens sont prêts à aller dans cette direction», a-t-il estimé. Des sanctions visiblement en direction d’Ali Bongo. Car, a affirmé Jean Ping : «Bien sûr, c’est lui le premier donneur d’ordres de la vague de répression qui s’est abattue sur le pays après l’élection de l’an dernier».
Pour le départ du pouvoir d’Ali Bongo, Jean Ping s’est dit prêt à faire certaines concessions. «Si Ali Bongo est prêt à renoncer au pouvoir, nous lui offrirons des garanties. Il pourra voyager librement et ses biens ne seront pas confisqués», a-t-il déclaré avant de relativiser : «Cela n’inclut pas les poursuites en France engagées pour les biens mal-acquis dans ce pays. La justice française est souveraine».
Accusé de manquer de stratégie après le «vol» de sa victoire au dernier scrutin présidentiel, l’ancien candidat ne l’entend pas de cette oreille. Bien au contraire, il s’est dit confiant pour la suite, bien aidé par le contexte économico-social au Gabon. «A l’extérieur, le régime joue sur la lassitude de la communauté internationale. Mais, à l’intérieur du pays, la situation est catastrophique. L’économie est sinistrée», a-t-il déclaré
«Il n’y a presque aucune administration qui n’est pas en grève. Ce n’est pas seulement parce que les fonctionnaires ne sont plus payés, mais parce qu’ils continuent de protester contre le coup d’Etat d’Ali Bongo. La population veut en découdre contre ce régime. Nous n’arriverons pas la tenir indéfiniment», a conclu Jean Ping.
A Genève, Jean Ping s’est entretenu avec la Délégation permanente de l’Union européenne auprès de l’Onu et des autres organisations internationales. Notamment Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-commissaire aux Droits de l’Homme de l’Onu, Radka Sibille, chargée de politique des Droits de l’Homme et administrateur de la délégation de l’UE auprès de l’Onu, ou encore, Per Lagergren, premier conseiller à la délégation de l’UE.