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Rémunération des agents de l’Etat : Le Gabon, un modèle en Afrique

Le Prix de l’excellence panafricain du service public récemment reçu à Rabat au Maroc a été remis mardi au personnel de la Fonction publique.

Le mérite gabonais a récemment été honoré par l’Afrique à la faveur de la 13e édition du Forum panafricain de la modernisation de l’administration publique et des institutions organisé le 5 juillet dernier à Rabat au Maroc. La révolution apportée par le Nouveau système de rémunération (NSR) des agents publics de l’Etat depuis sa mise en place le 25 juillet 2015 a, à l’occasion, permis au pays d’Ali Bongo Ondimba de décrocher le Prix de l’excellence panafricain du service public. Sur les neuf pays arrivés en finale, le Gabon est sorti maillot jaune.

Au cours d’une cérémonie organisée le mardi 18 juillet 2017 à Libreville, Jean-Marie Ongadaga, ministre de la Fonction publique, a remis le précieux sésame à Norbert Vougamba Sokha, secrétaire général de ce département ministériel, en présence des agents du Ministère de la Fonction Publique.

Cette trouvaille des plus hautes autorités gabonaises a pour objectif de doter l’administration d’un outil technique, susceptible de prendre en charge efficacement le pilotage renforcé de la masse salariale. Comme innovations, elle apporte une plus-value dans la revalorisation de la solde de base; la mise en place d’un régime indemnitaire équitable et plus lisible; la suppression du SMIG en tant que variable de la paye des agents publics; la simplification dans la détermination de la rémunération des agents publics de l’Etat; l’instauration de la prééminence de la solde de base indiciaire; une prise en charge renforcée des avantages statutaires et catégoriels.

L’on peut citer comme effets positifs : la satisfaction des agents publics bénéficiaires; la diminution des revendications catégorielles visant la hausse de rémunération; le retour en grand nombre de médecins, médecins spécialistes; d’enseignants, d’enseignants-chercheurs et de chercheurs dans leurs emplois et spécialités respectifs; les réactions positives des agents publics à travers les médias; le nombre important d’agents publics qui réintègrent les services qu’ils avaient autrefois quittés.

Ces éléments constituent donc, un indicateur de satisfaction permettant d’évaluer l’impact positif du NSR sur les bénéficiaires.

Un système révolutionnaire

Mené des mains de maître par Jean-Marie Ongadaga, ministre de la Fonction publique, ce processus a permis de résoudre trois types de problématiques majeures. Au plan politique, il fallait respecter l’engagement des autorités politiques, à mettre en place un nouveau système de rémunération. Au plan social, le NSR a pris en compte les revendications des syndicats de l’Administration. Tandis qu’au plan économique et budgétaire, il a permis d’améliorer de façon substantielle, le pouvoir d’achat des agents publics; d’accroitre en volume, l’assiette des cotisations pour pension de retraite, d’environ 50% du fait de la hausse de la solde de base; d’améliorer la prise en charge des avantages sectoriels; d’offrir une alternative viable à la PIP, et une meilleure anticipation des coûts budgétaires.

Depuis son entrée en vigueur, le NSR a contribué au renforcement des avantages sectoriels et catégoriels, notamment dans les secteurs de l’Education et de la Santé. Contribuant ainsi à une amélioration de la relation entre l’Administration et les usagers traduite par une amélioration de la qualité du service public, du fait de la disponibilité d’un nombre plus important d’agents dans lesdits secteurs, qui avaient, jusqu’ici, fait le choix de la mobilité vers d’autres services de l’Etat plus attractifs.

Le Nouveau système de rémunération propose des grilles de référence pour les différentes catégories d’agents publics, mais aussi des grilles de bonification sectorielles. Avec son avènement, les grilles de bonifications indiciaires ont contribué à atténuer les écarts de rémunération, entre les agents d’un même secteur d’activité, sans dénaturer le système.

Pour le gouvernement, il est question de restaurer un climat social favorable à l’exécution des missions du service public.

Les lacunes de l’ancien système aux oubliettes

Elaboré depuis plus d’une trentaine d’années, l’ancien système avait subi une certaine dérive ayant conduit inexorablement à l’instauration d’un fossé important entre le revenu d’activité et la pension de retraite. Le régime indemnitaire était devenu illisible et surtout inéquitable. Certains éléments de solde étaient déterminés sans base légale. Ce qui a conduit à la paupérisation d’une frange importante d’agents publics et à la détérioration du climat social.

L’audit réalisé en 2013, avait établi que l’ancien système présentait de nombreuses carences. Notamment dans le mode de détermination de la solde de base et l’importance relative des accessoires de solde comparée à la solde de base.

Avec le nouveau système de rémunération, l’on se rend compte que dans l’ancien système, le calcul de la solde de base des agents civils intégrait plusieurs variables indépendantes telles que les taux applicables par classe de grades dans les grilles indiciaires; les coefficients modulables par spécialité; la valeur indiciaire; le coût du point d’indice et le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Ces différents éléments rendaient peu aisée, l’anticipation des coûts budgétaires. Il fallait, à cela, ajouter la détermination systématique, par référence à la valeur indiciaire, de nombreux accessoires servis aux personnels des forces de défense et de sécurité.

Des obstacles et des solutions dans l’implémentation

La mise en œuvre du Nouveau système de rémunération ne s’est pas faite sans heurts. Il s’est notamment vu confronté à la tentation du maintien du statu quo exprimé par certaines administrations; au scepticisme d’une frange importante des syndicats de l’Administration; au risque de se voir diminuer considérablement le pouvoir d’achat des agents avec les prélèvements directs sur une part de revenus qui y échappait généralement; au délai de réalisation relativement court et au nombre important des situations administratives des agents non mises à jour.

Heureusement, ces différentes entraves ont été surmontées grâce à la volonté politique; à la communication constante des objectifs du projet tout au long de sa mise en œuvre; la maîtrise du sujet et la connaissance de l’environnement par les experts nationaux; la transparence dans l’exécution du projet : présentation régulière des travaux aux syndicats de l’Administration les moins hostiles; à la prise en compte de certaines dispositions fiscales favorables, en concertation avec les services fiscaux, dans la détermination des niveaux de prélèvements; à la mobilisation de l’équipe-projet et la diligence des administrations sollicitées; et au renforcement des équipes de fonctionnaires pour opérer les mises à jour des situations administratives des agents.

Modernisation de l’administration : un chantier permanent

Dans un vibrant hommage rendu au chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, et à l’ancien Premier ministre, Daniel Ona Ondo, qui ont cru à ce projet et s’y sont impliqués pleinement, Jean-Marie Ongadaga s’est félicité de ses échos au-delà des frontières nationales.

«Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un projet gabonais, mais un projet africain. Parce que lorsqu’on est premier, cela revient à dire que les autres pays vont s’inspirer de l’histoire du Gabon. Nous avons été sollicités par les autres pays frères à venir voir l’expérience gabonaise et pouvoir leur apporter notre savoir-faire. Pour nous, c’est très important», a déclaré le ministre de la Fonction publique.

Invitant les Gabonais à ne pas dormir sur ce laurier, il a tenu à faire savoir que la modernisation de l’administration gabonaise reste un chantier permanent qui nécessite une implication de tous.

«Le plus difficile est que ça ne doit pas être qui doit être balayé par un coup de vent. Le plus important c’est de bâtir sur du roc et pour le long terme. Le chantier n’est pas terminé parce que nous sommes en train de bâtir une nouvelle Fonction publique gabonaise. Nous avons fait un Nouveau système de rémunérations, déconcentré la gestion de l’agent public et nous sommes en train de dématérialiser toute la gestion administrative et financière de la Fonction publique », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre : « Vous comprenez donc que le chantier est vaste. Comme dirait la Bible : ‘la moisson est grande, mais il y a peu de bras’. Tout le mal que je peux souhaiter à chacun de nous est qu’on ne garde plus les choses en disant que c’est l’affaire de l’autre. C’est l’affaire du Gabon et c’est l’affaire de tous les Gabonais (…) Parce que nous sommes déjà un exemple et nous pouvons être parmi les meilleurs non pas seulement du continent, mais du monde entier ».

Pour Jean-Marie Ogandaga, ce n’est pas seulement la taille du pays qui compte, mais celle de ses hommes et surtout des idées véhiculées par les hommes de ce pays. « Le Gabon peut donc être un modèle de gestion si nous tous sommes convaincus et orientés vers le même but», a-t-il conclu.

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