Le leader du Front d’égalité républicaine (FER) et actuel président en exercice de l’Alliance nouvelle de l’opposition (ANPO, regroupement d’une dizaine de formations de l’opposition modérée) estime que la volonté du chef de l’État est évidente, mais un groupe de collaborateurs freine des quatre fers les projets de développement de celui-ci…
C’est la première fois que l’on voyait Bonaventure Nzigou Manfoumbi aller aussi loin dans une déclaration. L’homme s’est lâché au cours de l’émission politique «L’Invité», présentée par Jean-Pierre Méchant Salamba sur la chaîne privée de télévision TéléAfrica, le mercredi 26 juillet. Dressant un état des lieux sans complaisance du pays, le président du FER a estimé qu’«Ali Bongo a la volonté et la détermination, mais nous observons que certains de ses collaborateurs bloquent des quatre fers». «Il n’y a qu’à voir comment les actions des membres du gouvernement se font sur le terrain ; c’est la preuve qu’Ali Bongo est très mal entouré».
«Les populations ne sont pas dupes ; lorsque les collaborateurs du chef de l’Etat vont, sur le terrain, dire que tout va bien, ils ne disent pas la vérité, et c’est l’image du chef de l’Etat qui prend un coup». Fustigeant l’appel aux jeunes lors des manifestations, il estime que c’est du fait de la faim que ces jeunes viennent vers les hommes politiques. Pour lui, il faut aller vers l’apaisement, et «cet apaisement du pays n’aura pas lieu tant que le Gabonais n’aura pas les moyens de manger à sa faim».
«Se faire violence»
Parlant du Dialogue politique d’Angondjé, le président en exercice de l’Alliance nouvelle de l’opposition (ANO) estime que «d’importantes recommandations ont été formulées et, sans vouloir donner l’impression de faire pression au chef de l’Etat, je l’invite à se faire violence en mettant en oeuvre ces résolutions». Bonaventure Nzigou Manfoumbi qui semble s’inquiéter du statu quo actuel, plus de soixante jours après la clôture des travaux d’Angondjé, affirme que «le souci majeur est que tout soit mis en oeuvre pour ces résolutions ; sinon, le contraire renforcerait l’exaspération populaire». Répondant à une question sur le prochain gouvernement, l’ancien président de la Fédération gabonaise de boxe propose à Ali Bongo de faire des choix tenant compte du facteur politique, de l’environnement actuel et de la situation économique, et de choisir précisément «des compatriotes qui ont un sens élevé de la Nation». Par ailleurs, le leader du FER souhaite que le pays crée des emplois, et que l’actionnariat soit développé dans les entreprises pour les employés. «Cela les responsabiliserait, ils n’auraient plus alors besoin de casser l’outil de travail». Fustigeant une justice aux ordres, il propose que celle-ci «soit neutre et indépendante». «Les hommes politiques, ajoute-t-il, ont la responsabilité de mettre en place, pour les populations, l’eau, l’électricité, la route, l’école et l’hôpital».
Il a également évoqué la diffusion de l’émission «Complément d’enquête» sur la chaîne de télévision publique française France 2 sur le thème : «Le Clan Bongo, une histoire française». L’ancien collaborateur de Pierre Mamboundou à l’Union du peuple gabonais (UPG) qu’il avait quittée avec fracas il y a vingt ans (c’était la toute première crise de l’UPG qui vit partir trois des principaux collaborateurs du leader du parti) souligne que c’est Robert Bourgi qui l’a commanditée. «En révélant que le bac que la France a délivré à Ali Bongo est un faux, Robert Bourgi nous apprend que la France fabrique de faux bacs». «Ce n’est pas parce qu’il ne reçoit plus les mallettes de la présidence que Bourgi doit salir les gens», a-t-il poursuivi.
Bonaventure Nzigou Manfoumbi fait partie des leaders de partis d’opposition ayant pris part à la phase politique du Dialogue politique d’Angondjé, du 18 avril au 25 mai dernier. Son parti, le FER, ne compte ni élu national, ni élu local. Il est par ailleurs très peu implanté dans le pays, et même dans la capitale, Libreville. «C’est un parti gazelle, un parti mange-mil, toujours très intéressé par le «gain» que peut lui rapporter le fait d’être en politique», affirme un observateur de la vie politique gabonaise.