Après un début d’été très compliqué, Emmanuel Macron met la pression sur ses équipes pour réussir une rentrée sans couac.
Moins de trois mois après son élection, Emmanuel Macron doit déjà taper du poing sur la table. La faute à une séquence très compliquée pour Jupiter et La République en Marche (LREM) : amateurisme des députés LREM, baisse de l’APL, affaire(s) Pénicaud, sondage en baisse, bain de foule mal accueilli lors de l’hommage au père Hamel, démission du chef d’état-major des armées Pierre de Villiers, les fausses notes se multiplient depuis le début de l’été.
Avant une rentrée chahutée ? Pour éviter cela, le chef de l’Etat a commencé à distribuer les mauvais points au sein du gouvernement et de sa majorité. Objectif : redresser la barre et recadrer la maison LREM, coupable de flottement aux yeux de l’Elysée.
Ministres recadrés…
Signe qu’il y a urgence, le « premier cercle » d’Emmanuel Macron a été reçu en catimini rue du Faubourg Saint-Honoré le 26 juillet, détaille « le Monde ». Parmi les fidèles invités – ou plutôt convoqués -, les principaux conseillers politiques du Palais, les tauliers des groupes parlementaires En Marche ! – Richard Ferrand et François Patriat – et la fine fleur des ministres macroniens, dont Christophe Castaner ou Gérard Collomb.
L’heure est au changement de méthode. Et Emmanuel Macron voudrait voir ses collaborateurs mouiller un peu plus la chemise : « Le président a tout centralisé sur sa personne, il n’est pas assez protégé », résume un habitué de l’Elysée dans « le Monde ». Dans le viseur présidentiel : des ministres trop discrets et trop technos : « C’est du pipi de chat, ce qui me remonte actuellement de certaines de vos notes », aurait-il taclé lors du Conseil des ministres le 12 juillet dernier, rapporte « le Figaro ».
Et Emmanuel Macron de mettre la pression à son équipe :
« Ne vous laissez pas enfermer dans le confort des documents rédigés par vos administrations. Certes, cela peut vous paraître sympathique et confortable de vous placer entre leurs mains. Mais vous verrez, dans six mois, si vous continuez, vous aurez disparu. »
Le couac autour de l’annonce de la baisse de l’APL a laissé des traces. Trop de gestion budgétaire et pas assez d’envergure politique, Emmanuel Macron a prévenu, il veut des ministres « inventifs », précise « le Monde ». Victime de ce tour de vis, le projet de loi sur le « droit à l’erreur » porté par Gérald Darmanin, a été retoqué , jugé trop classique par l’Elysée. « On s’est « bercyisé ». C’est tout l’inverse de ce que le président veut faire. Il ne veut pas gérer, il veut transformer », juge un proche du chef de l’Etat.
… et majorité invitée à « réviser »
Le devenir de La République en Marche est également au menu des réunions en petit comité montées ces dernières semaines. Conçu dans un esprit de conquête du pouvoir, LREM et ses 370.000 adhérents se retrouvent sans cap et sans capitaine(s). De quoi inquiéter l’Elysée, qui a en plus largement puisé dans les ressources politiques du mouvement pour garnir le gouvernement et les cabinets ministériels.
« Il n’y a pas de stratégie, tous les changements en son sein sont renvoyés à l’automne. Les marcheurs ont été sollicités pour faire deux campagnes, puis on les a laissés seuls, dans la nature », regrette un cadre LREM dans les colonnes du « Figaro », qui rappelle que la question du siège et des statuts du parti n’est toujours pas tranchée.
Pour ne rien arranger, les premiers pas des députés LREM sont catastrophiques. Inexpérimentés, accusés d’amateurisme, les nouveaux visages de l’Assemblée nationale peinent à convaincre et Emmanuel Macron aurait déjà demandé à couper quelques têtes, coupables de la pagaille ambiante. Un tour de chauffe difficile, acté ce dimanche par Christophe Castaner dans une interview au « JDD » : « Certains ont des difficultés, mais ils vont passer l’été à réviser », a concédé le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, qui promet que les députés seront « opérationnels à la rentrée ».
L.B.