Alors que les travaux sur le sujet n’ont pas encore été officiellement lancés par le gouvernement, le Parti démocratique gabonais (PDG) entend soumettre, au plus tard le 25 août prochain, ses propositions sur le redécoupage électoral, pour que celles-ci soient les seules adoptées.
Le PDG bénéficierait-il de plus d’attention et de considération de la part du gouvernement que d’autres partis légalement reconnus ? Les responsables politiques du parti d’Ali Bongo auraient-ils la même influence, voire plus, que les ministres de la République ? Ces questions, beaucoup se les posent depuis des années au regard des agissements de certains militants de cette formation politique au pouvoir au Gabon depuis près de 50 ans. Depuis des années, le parti aujourd’hui dirigé par Faustin Boukoubi tente de se substituer au gouvernement. Il faut dire que l’occasion lui a toujours été donnée de le faire. Et dans les semaines qui viennent, il devrait à nouveau dicter sa loi. Il entend, en effet, faire adopter ses seules propositions sur le redécoupage électoral préconisé lors du dialogue politique national d’Angondjé.
Le 26 juillet dernier, le secrétaire général du PDG a adressé une bien curieuse note aux responsables politiques de son parti. Il leur demande de réfléchir et «de faire des propositions réalistes de redécoupage des sièges de députés, au plus tard le 25 août 2017». Ces responsables devront profiter de leurs vacances pour «circonscrire la situation dans leurs provinces respectives». La «mission» serait venue de plus haut. Sans nul doute du président de la République ou du Premier ministre. N’empêche, la pratique n’a pas l’air respectueuse des autres partis politiques, y compris ceux de la majorité, qui n’ont pas reçu les mêmes indications. Celle-ci peut apparaître aux yeux de certains comme une «magouille» de la part du pouvoir en place, même si, dans sa note, Faustin Boukoubi invite ses «camarades» à faire preuve d’objectivité.
Ce dernier a indiqué à ses camarades que, «compte-tenu du nombre limité des sièges additifs, tout comportement subjectif ou spéculatif serait vain, voire antipatriotique». Les responsables politiques du PDG devront notamment réfléchir sur «les nouvelles entités administratives non prises en compte dans le découpage existant : communes, arrondissements, districts (et sur) les distorsions flagrantes des sièges existants : ceux situés de part et d’autres d’une commune par exemple». Selon le SG du PDG, une commission ad hoc examinera les différentes propositions faites. Par la suite, le secrétariat exécutif du parti se chargera de les soumettre «à l’application du gouvernement qui retiendra celles susceptibles de convenir». Pour les autres formations politiques du pays, elles devront se contenter de subir le résultat des réflexions du PDG. Après tout, peut-être sont-elles moins aguerries à la chose politique que ne l’est le parti d’Ali Bongo. Un pan entier de l’esprit des Accords d’Angondjé part en fumée.