Au Venezuela, la nouvelle Assemblée nationale constituante élue dimanche 30 juillet au terme de violents affrontements doit s’installer au siège du Parlement. Comment l’opposition, qui a boycotté le scrutin, pourra-t-elle continuer à exister? Quelle stratégie pourrait-elle adopter?
Après des mois de manifestations qui se sont soldées par 120 morts, la très contestée Assemblée constituante doit s’installer au siège du Parlement ce mercredi 2 août. « Elle va sans doute déposséder encore un peu plus l’Assemblée nationale, aux mains de l’opposition, de sa légitimité démocratique », avance Thomas Posado, docteur en sciences politiques à l’Université Paris 8, qui voit dans la nouvelle Constitution qui doit être rédigée « une reprise en main de l’initiative politique du chavisme pour essayer de faire oublier ce qu’il se passe dans la rue et les affrontements quotidiens depuis le début du mois d’avril ».
Car depuis l’élection de justesse de Nicolas Maduro en 2013, l’opposition n’a pas faibli. Elle a remporté les élections législatives en décembre 2015, à la faveur de la chute des prix du pétrole, des pénuries en aliments et en médicaments qui minent la population. Mais l’Assemblée nationale a vu ses pouvoirs niés par le gouvernement. Les deux camps se sont crispés et radicalisés.
La stratégie choisie depuis le début du mois d’avril, que ce soit du côté du gouvernement ou de l’opposition, est celle de la confrontation.
Thomas Posado
Docteur en sciences politiques à l’Université Paris 8
Aujourd’hui, le pays est plus que jamais divisé entre pro et anti-chavistes. L’opposition réclame un référendum révocatoire et de nouvelles élections pour évincer Nicolas Maduro.
Les députés de l’opposition revendiquent leur légitimité issue des urnes et contestent celle des membres de la Constituante. Ils vont la délégitimiser en faisant aussi appel à la communauté internationale pour qu’elle ne reconnaisse pas cette instance, et entendent continuer à siéger au Parlement. Le député Freddy Guevara annonce « une période dure et conflictuelle », qui pourrait selon lui précipiter la chute du gouvernement. Mais du côté des autorités, Nicolas Maduro pourrait utiliser les condamnations et les sanctions américaines à son avantage en fustigeant l’ingérence, et en relançant la défense de la Révolution.
La MUD, la Table de l’unité démocratique, a de nouveau appelé à manifester ce mercredi 2 août, pour réagir notamment à l’arrestation par la police secrète de deux opposants emblématiques, Leopoldo Lopez et le maire de Caracas Antonio Ledezma.