La situation actuelle de la Banque de l’habitat du Gabon (BHG) et la Banque gabonaise de développement (BGD) a été abordée par le ministre de l’Economie, dans un entretien accordé au quotidien L’Union, le 10 août. Si le premier établissement est en phase de liquidation, le second, quant à lui, est toujours sous administration provisoire du superviseur du système bancaire sous-régional.
Etablissements bancaires publics en situation de détresse, la Banque de l’habitat du Gabon (BHG) et la Banque gabonaise de développement (BGD) ont fait l’objet d’un entretien du ministre de l’Economie avec le quotidien L’Union, le 10 août. Placé sous administration provisoire en novembre 2015, le premier établissement s’est vu retirer son agrément avant l’annonce de sa mise en liquidation, en juin dernier.
Créée en 2005, la BHG avait pour mission de financer la politique publique de l’habitat et, particulièrement, celle du logement social. «Cependant, son activité a été atone depuis sa création», a déploré le ministre de l’Economie. Selon Régis Immongault, deux facteurs majeurs expliquent la faillite de cet établissement. D’abord la faiblesse des revenus.
«En effet, la BHG s’est placée en aval dans un rôle de financement des acquéreurs sur le marché de l’habitat. Les difficultés rencontrées dans la production en amont des logements font en sorte que le modèle économique fondé sur des taux d’intérêt à l’endroit des acquéreurs de logements n’a jamais vraiment été mise en œuvre. D’où la faiblesse du Produit net bancaire (PNB)», a affirmé le ministre de l’Economie.
Régis Immongault a ensuite évoqué le niveau élevé des charges (personnel), largement supérieur au PNB, comme second facteur à l’origine de la faillite de la BHG. «Ces deux facteurs seraient eux-mêmes liés à la faiblesse de la gouvernance interne», a souligné le membre du gouvernement. S’agissant du sort des employés de cet établissement, le ministre de l’Economie a expliqué qu’après la désignation du liquidateur, ce dernier procèdera à l’apurement du passif comprenant le règlement du plan social. «A moins que ne soit trouvé un partenaire au tout dernier moment», a-t-il cependant espéré.
Régis Immongault a également évoqué le cas de la BGD, placé sous administration provisoire de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) en mai dernier. «La décision de la Cobac se traduit dans l’immédiat par une impossibilité pour la banque d’accorder du crédit à moyen et long termes», a-t-il déclaré. A l’heure actuelle, en effet, plusieurs difficultés subsistent au sein de l’établissement en dépit de sa mise sous administration provisoire : un niveau élevé des charges du personnel, une rentabilité négative et des ratios et normes prudentielles non respectées.
Par ailleurs, le membre du gouvernement est revenu sur certains dérapages pointés du doigt par la Cobac en matière de gestion de la BGD. Notamment «l’incapacité de la banque à s’adapter aux évolutions du marché et à celle de l’industrie des activités bancaires et financière». Mais aussi, les «choix d’investissement et de développement des activités coûteux et fortement consommateurs de ressources et de rentabilité, contribuant ainsi à fragiliser encore plus la banque».
Si le gouvernement veut «sauver la BGD et en faire un véritable outil de développement», la Cobac ne l’entend pas de cette oreille. En dépit de la saisie de la Banques des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) par le ministre de l’Economie, «aux fins de surseoir à l’exécution de la l’administration provisoire» via le plan de relance de l’économie ; la Cobac a maintenu sa décision. «Une décision que nous sommes tenus d’appliquer, sans pour autant fragiliser la banque», a conclu Régis Immongault.