Le ministre tchadien des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, Hussein Brahim Taha a annoncé que les ressortissants de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) n’auront plus besoin de visas pour entrer au Tchad.
« Tout ressortissant de l’un des Etats membres, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon et Guinée équatoriale, détenteur d’une pièce d’identité sécurisée (Passeport ou carte d’identité) en cours de validité, n’est plus soumis à l’obligation de visa d’entrée ou d’autorisation de sortie pour tout séjour ne dépassant pas trois mois en territoire tchadien », a indiqué le 10 août le ministre de la Justice.
Dans deux notes circulaires datant du 8 août, les autorités tchadiennes instruisent les services d’émigration et les missions diplomatiques à veiller à l’application effective de la décision sur la libre circulation, conformément aux instructions des chefs d’Etat de la sous-région. Une fois appliquée, cette mesure facilitera le commerce entre les six pays de la Cémac.
Réunis le 17 février dernier à Djibloho, en Guinée Equatoriale, les pays d’Afrique centrale avaient réitéré leur volonté de concrétiser la politique commune de libre circulation des personnes et des biens, mais celle-ci n’était pas appliquée, surtout par le Gabon et la Guinée équatoriale. En mars, Malabo avait finalement ordonné l’observance et l’exécution des dispositions de l’organisation sous-régionale sur ce sujet dans son pays.
En Afrique centrale, la question de la libre circulation des personnes reste une pierre d’achoppement pour l’intégration sous-régionale. Elle est toujours liée à des mythes : invasion démographique, spoliation économique et perversion sociale associée à la délinquance d’origine étrangère. Pourtant, depuis mai 2015, cette libre circulation des personnes était devenue effective même si elle permettait en théorie aux ressortissants de la zone de circuler sans visa à l’intérieur du territoire communautaire. Malgré cela, des obstacles administratifs et politiques persistent.
Lors du sommet de la Djibloho, le Gabon et la Guinée équatoriale s’étaient engagés à appliquer – sans exclusive – la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace commun, à toute personne physique possédant une carte nationale d’identité et/ou un passeport biométrique. Une mission de la commission Cémac devait s’assurer de la matérialisation de la décision.
Rappelons que la libre circulation des personnes et des marchandises en zone Cémac devait être effective le 1er janvier 2014, pour éviter de faire figure de « mauvais élève », en Afrique.
Nestor N’Gampoula