Jean Ping, qui se revendique toujours « président élu » du Gabon, a demandé vendredi aux Gabonais « de se lever comme un seul homme pour marquer solennellement [son] arrivée au pouvoir ». « À partir de ce jour, je ne vous retiens plus », a-t-il ajouté dans un message à la Nation.
« Dans cet esprit, je vous enjoins d’organiser, dès aujourd’hui et sans limite, jusqu’au départ des putschistes, toute manifestation civique conforme au droit à la libre expression, à la liberté de manifester, et aux droits fondamentaux prescrits par la Constitution », a poursuivi Jean Ping dans le message lu sur deux chaînes de télévision privées, TV+ et RTN, vendredi 18 août.
Jean Ping, 74 ans, revendique toujours la victoire à l’élection présidentielle du 27 août 2016 face à Ali Bongo Ondimba (ABO), comme il le déclarait encore récemment dans une interview à Jeune Afrique. La Cour constitutionnelle avait validé la réélection d’ABO et rejeté le recours de son adversaire, mais une mission d’observation électorale de l’Union européenne avait estimé en décembre que l’élection présentait des « anomalies » mettant « en question l’intégrité du processus de consolidation des résultats et du résultat final de l’élection ».
« J’ai pleinement conscience de la portée des mots »
« J’attends de vous que vous soyez les pèlerins de la protestation populaire et de sa légitime colère », a poursuivi Jean Ping dans son message diffusé au lendemain des fêtes marquant le 57e anniversaire de l’indépendance du Gabon. À plusieurs reprises depuis l’élection de 2016, il avait sous-entendu qu’il était le garant de la « paix civile » dans un pays qu’il décrivait comme « en ébullition ».
Devant l’intransigeance du clan d’ABO, mais également certaines dissensions dans la coalition d’opposition qui l’entoure, notamment en vue des législatives prévues en avril 2018, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine a visiblement décidé d’adopter une stratégie plus offensive, en exhortant ses partisans à la manifestation afin de lui permettre de parvenir au pouvoir.
« J’ai pleinement conscience de la portée des mots que je vous adresse ce jour », a-t-il conclu, avant de réaffirmer : « C’est moi que vous avez élu président de la République. »