Martèlement de la notion d’indépendance nationale et de l’indivisibilité du Gabon ; allusion à la crise économique mondiale et appel à la nécessité d’accélérer le rythme des réformes pour davantage de résultats ; annonce, conformément aux conclusions du dialogue politique, d’un nouveau gouvernement pour les touts prochains jours ; appel à l’effort collectif de toutes les administrations… ont constitué l’essentiel du discours prononcé par Ali Bongo Ondimba, ce 16 août 2017, à la veille de la fête de l’indépendance. Ci-dessous le discours in extenso.
Gabonaises, Gabonais,
Mes chers compatriotes,
Il y a 57 ans, à quelques pas d’ici, le Président Léon Mba déclarait ce qui suit: “En invoquant Dieu et à la face du monde, par la délégation des pouvoirs que je tiens du Peuple gabonais, et en vertu du droit de ce peuple à disposer de lui même, je proclame solennellement l’indépendance de la République Gabonaise “.
Mes chers compatriotes,
Voilà donc 57 ans que la République Gabonaise a pris sa place dans le concert des nations indépendantes.
57 ans, que les Gabonaises et les Gabonais ont pris la décision d’être maitres de leur destin et de décider en toute liberté de leur sort.
A cet égard, permettez-moi, à nouveau de citer le Père de notre Indépendance, le Président Léon Mba qui s’adressait ainsi à la Nation, le 12 août 1960 :
“Quand un garçon devenu adulte s’en va prendre femme et fonde une famille, ce garçon se conduit en homme indépendant… A lui, le juste orgueil de la liberté. A lui également les durs travaux et les tracas“.
Ce propos du sage africain qu’était le Président Léon Mba résume parfaitement la manière dont nous devons vivre notre indépendance.
Il ne suffit donc pas de ressentir la liberté d’être indépendant, il s’agit avant tout d’en assurer toutes les contraintes.
Il s’agit ensuite de construire chaque jour les fondements de cette indépendance. Parce que l’indépendance n’est jamais un acquis mais demeure une œuvre quotidienne, qu’il nous faut chaque jour parfaire.
Mes chers compatriotes,
Assumer d’être indépendant, c’est accepter d’exister en soi, avec ses forces et ses faiblesses.
Assumer d’être indépendant, c’est croire d’abord en soi plutôt que d’espérer en permanence le regard ou la bénédiction de l’autre.
Assumer d’être indépendant, c’est arrêter de penser que l’herbe est toujours plus verte et plus grasse ailleurs que chez soi.
Assumer d’être indépendant, c’est arrêter d’attendre la vérité des autres. Car la Vérité du Gabon, c’est d’abord celle des Gabonais.
Assumer d’être indépendant, c’est vivre en Patriote digne et fier du sol qui nous a donné la vie car, comme disait Romain Gary, « Le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres ». Chérissons donc notre patrie, sans haine pour les autres.
Assumer d’être indépendant, c’est enfin reconnaître que l’erreur fait partie de la vie, car pour bien marcher l’enfant commence souvent par trébucher, sinon par tomber. L’essentiel étant de se relever et de poursuivre sa marche.
Oui ! Etre indépendant je le répète, c’est avancer à notre manière et à notre rythme, sans pour autant répondre aux canons fixés par les arbitres des élégances démocratiques ou économiques.
En effet, s’il n’y a nulle honte à s’inspirer d’autrui, tout comme à écouter les conseils, un peuple indépendant doit cependant pouvoir puiser dans son génie et ses réalités propres pour tracer sa voie.
Mes chers compatriotes,
Construire, chaque jour que Dieu fait, les fondements de notre indépendance, c’est d’abord consolider chaque matin ce qui fait de nous une Nation, c’est-à-dire l’appartenance à une même terre, à une même mère : Le Gabon !
Il nous faut pour ce faire, extirper de notre inconscient collectif cette attitude malsaine, qu’on appelle la haine de soi.
Cette haine de soi qui voit certains Gabonais se réjouir du malheur d’autres Gabonais.
Cette haine de soi qui voit une autre frange de Gabonais danser après une défaite de notre équipe nationale.
Cette haine de soi qui pousse certains de nos Compatriotes à dire le pire sur leur pays, sans même réaliser que, ce faisant, ils se salissent eux-mêmes.
Gabonaises, Gabonais, Mes chers compatriotes,
Il n’y a pas un Gabon de la Majorité et un Gabon de l’Opposition, encore moins un Gabon d’ailleurs.
Le mal que nous pouvons faire, nous le faisons à nous-mêmes, aux Gabonais et à notre Gabon. A ce Gabon Uni, Indivisible et Immortel que nous ont légué nos devanciers, et qu’à notre tour, nous léguerons à nos enfants.
Ce Gabon, nous devons l’aimer plus que nous-mêmes, plus que notre ethnie, plus que notre province, plus que chez les autres.
Construire les fondements de notre Liberté, c’est aussi œuvrer à l’émergence de notre pays, en puisant dans nos valeurs traditionnelles et notre patrimoine culturel, tout en bâtissant une économie moderne, forte et diversifiée.
La Nature nous a offert tant de rentes. Notre travail et notre imagination doivent en faire une économie productrice de richesses.
C’est du reste le sens de l’interdiction d’exportation des produits bruts de notre forêt, combattu par d’aucuns qui ne voyaient que leurs seuls avantages, et par d’autres qui doutaient et ne croyaient ni en leur indépendance, encore moins en leur génie créateur.
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à reconnaitre que cette transformation locale de nos matières premières, comme je m’y étais engagé, porte sans conteste ses premiers fruits, et nous permet d’amortir les effets néfastes de la crise liée à la dépréciation des prix des matières premières, tout autant qu’à la détérioration de la qualité des échanges dans le monde.
Chers compatriotes,
Le moment présent, caractérisé par une forte crise économique mondiale, qui n’épargne aucun pays, ni aucune couche de populations, exige de chacun d’entre nous, efforts et don de soi.
Bien entendu, j’ai conscience des difficultés auxquelles font face nombre d’entre vous, et je pense tout particulièrement au chômage des Jeunes.
Comme je n’ai de cesse de le répéter, il nous faut donc pour en sortir accélérer, avec beaucoup de détermination, le rythme des réformes pour davantage de résultats.
C’est pourquoi j’ai instruit le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, à mettre immédiatement au travail le Gouvernement qui sera formé dans les tous prochains jours, conformément aux conclusions du dialogue politique.
Le temps est plus que jamais à l’action. Une action qui doit constituer une réponse concrète aux problèmes des Gabonais, notamment à ceux de la Femme et des Jeunes.
Cette action devra nécessairement s’affranchir des intérêts catégoriels, qui s’illustrent de façon négative dans notre Administration.
En effet, beaucoup trop de mouvements sociaux, intempestifs et pas souvent justifiés, mettent à mal nos efforts de développement et de construction d’une économie qui résiste aux soubresauts de la mondialisation.
Vouloir toujours plus au détriment de l’intérêt général finit par affecter les fondements sur lesquels reposent notre prospérité, la performance de notre système éducatif et de santé, notre solidarité nationale et partant, notre vivre- ensemble.
A cet égard, j’observe pour le déplorer que de nombreux compatriotes n’ont pas suffisamment pris conscience de l’extrême dureté de la crise qui affecte notre économie.
Nous avons certes adopté un Plan de relance qui a obtenu le soutien du Fonds Monétaire International, pour autant, nous devons prendre conscience qu’il nous faut travailler d’arrache-pied pour réussir sa mise en œuvre.
Pour y parvenir, nous devons modifier nos habitudes, taire nos égoïsmes et réduire le train de vie de l’Etat.
Aucune Administration, je dis bien aucune Administration ne devrait désormais être exonérée de l’effort collectif.
J’entends donc, pour ma part, répondre présent au rendez-vous de l’histoire qui se construit car j’ai conscience de mes responsabilités et de mon rôle dans l’impulsion de cette dynamique du changement attendue par le plus grand nombre d’entre nous.
Que nul n’en doute !
Vous pouvez compter sur moi pour rester sur la trajectoire tracée par mes illustres prédécesseurs, celle de la Paix au Gabon, de l’Unité des Gabonais et du Développement du pays, celle du « Gabon d’abord », celle d’un Gabon qui se construit jour après jour, par les Gabonais et tous ceux de nos amis qui nous font confiance.
J’agirai en conséquence d’autant plus facilement que j’ai la ferme et profonde conviction que les forces de transformation sont plus fortes que les forces d’inertie.
Le destin du Gabon prospère et éternel est entre nos mains.
N’ayons pas peur de l’avenir, nous devons le façonner tous ensemble, afin que nos enfants puissent en recueillir les fruits.
Bonne fête de l’indépendance.
Vive le Gabon !
Et que Dieu bénisse notre pays !