L’air devient irrespirable dans certains foyers des gabonais d’en haut. Qui sortira et qui rentrera dans le futur gouvernement dont la formation est imminente, selon l’annonce faite par le président de la République Ali Bongo Ondimba dans son discours du 17 août dernier ?
Les cœurs battent la chamade notamment dans l’équipe gouvernementale sortante. La cause : Ali Bongo Ondimba n’est pas assez fidèle en amitié comme l’a été son père Omar Bongo. Au nom de cette fidélité, « Petit-piment » a fabriqué des Ayatollahs ou des dinosaures qui ont siégé au gouvernement durant 20 à 25 ans. D’autres l’ont accompagné jusqu’à sa mort.
Ali Bongo Ondimba n’est pas Omar Bongo Ondimba. Autre époque, autre réalités. Tout peut arriver. Dans tous les cas, Ali Bongo et son Premier ministre n’ont pas de choix. L’équipe actuelle compte une trentaine de membres. Un peu trop quand on sait que le Gabon a conclu un mariage pas forcément d’amour mais certainement de raisons avec le Fonds monétaire international (FMI) et que la Banque mondiale est en passe de conclu le même type d’union avec le pays en crise financière aigue. Le FMI comme la Banque mondiale, venus au secours du Plan de relance de l’économie gabonaise (PRE), ont une principale exigence, réduire le train de vie de l’Etat.
Cette principale condition des institutions de Breton-Wood oblige Ali Bongo de dégraisser le mammouth. Il faut donc charrier vers la porte de sortie quelques ministres, méritant ou pas. On parle de 14 ministres actuels qui doivent faire leurs valises. Qui sont-ils ? C’est la question qui tient en haleine des nombreux membres de l’équipe actuelle.
L’angoisse et l’incertitude n’étranglent uniquement pas les membres du gouvernement. Les partis politiques, ONG, associations et personnalités politiques ayant participé au dialogue politique organisé entre mars et mai dernier, brûlent aussi d’impatience. Beaucoup sinon tous attendent un retour de l’ascenseur de la part d’Ali Bongo Ondimba. Leur acceptation de participer au dialogue politique est considérée comme un signe fort de consolidation du pouvoir du locataire actuel du palais du bord de mer.
L’opposition radicale incarnée aujourd’hui par Jean Ping et sa coalition pour une nouvelle République n’est pas indifférente. Elle scrute aussi ce qui se trame au palais de la rénovation. Les motivations ne sont cependant pas les mêmes. Jean Ping et ses amis sont hantés par la menace d’un débauchage des cadres de leur mouvement. Des noms circulent à tort ou à raison.
Mais pour l’heure, Ali Bongo Ondimba prend son temps. Il se laisse désirer. Le petit peuple pour sa part ne rouille pas son frein. Tous les jours, il fabrique et diffuse ses propres gouvernements dans les réseaux sociaux.
Daniel Etienne