Candidat à la présidentielle à quatre reprises, Pierre-Claver Maganga Moussavou avait représenté l’opposition au dialogue politique national. Il voit sa nomination au poste de vice-président, le 21 août, comme une évolution cohérente.
Jeune Afrique : Vous avez été nommé à un poste qui n’existait plus depuis 2009. Comment envisagez-vous cette fonction ?
Pierre-Claver Maganga Moussavou : Je souhaite avant tout être un collaborateur loyal du président de la République et me rendre disponible pour toutes les missions qu’il voudra bien me confier. Le Gabon, le chef de l’État, tout comme le peuple, qui l’a élu, ont besoin de toutes les bonnes volontés. Je sais que c’est un poste délicat et compliqué, qui suscite beaucoup d’espoir chez les Gabonais. Je souhaite donc l’occuper avec doigté et détermination.
Serez-vous un opposant intégré à l’exécutif, ou avez-vous quitté pour de bon l’opposition ?
L’opposition que je représente ne se renie pas avec ma nomination. Nous sommes allés au dialogue politique national et avons alors pris la décision de participer à l’action gouvernementale. Nous en avons décidé ensemble, et il faut aujourd’hui assumer pleinement ce choix. Le rôle d’un vice-président n’est pas de s’opposer mais de travailler au mieux afin de répondre aux attentes des Gabonais.
Lors de votre dernière interview à Jeune Afrique, lorsque vous étiez candidat à la présidentielle, en août 2016, vous aviez déclaré qu’il n’était pas question de vous rallier à qui que ce soit. N’est-ce pas chose faite ?
Le ralliement en tant que candidat à la présidentielle, c’était se désister au profit d’un autre, en l’occurrence de Jean Ping, ce que j’ai refusé de faire. Aujourd’hui, c’est différent : il n’y a pas de contradiction, mais plutôt une cohérence. Cette participation à l’action gouvernementale résulte de l’application de l’accord passé lors du dialogue politique national.
Le Gabon a constitué un gouvernement en adéquation avec les accords du dialogue politique national
Vous aviez tout de même félicité Jean Ping pour son succès lors de la présidentielle…
On a mal interprété mon message à l’époque. En réalité, je n’ai félicité Jean Ping que pour sa victoire dans la ville de Mouila, où je suis maire. Je l’ai fait par dépit lorsque j’ai vu que le choix de mes administrés s’était porté sur un autre que moi. Mais j’ai toujours dit qu’il fallait, au-delà de ma commune, se ranger derrière l’avis de la Cour constitutionnelle. Et celle-ci a confirmé la victoire d’Ali Bongo Ondimba.
Il y a un an, vous étiez favorable à la limitation du nombre de mandats présidentiels, proposition que le dialogue politique national n’a finalement pas retenue. Comptez-vous la relancer ?
Les convictions passées ne comptent plus dès lors qu’une décision consensuelle a été prise lors du dialogue. Chacun se doit de l’assumer. Nous avons obtenu la proposition d’un scrutin présidentiel à deux tours et levé un certain nombre de limites préexistantes, concernant l’âge des candidats aux élections ou celui des membres du gouvernement. Ce faisant, nous avons estimé que c’était au peuple de faire le choix de la personne à qui il accordait sa confiance, quel que soit son âge ou son expérience. C’est à lui qu’il appartient de fixer une limite, et on ne doit pas chercher à en imposer une dans le seul but de forcer le départ d’un individu.
Vous êtes associé à un gouvernement de 37 ministres. N’est-ce pas excessif, alors que le FMI attend des mesures d’ajustement budgétaire ?
Le FMI, auquel j’ai appartenu, ne demande pas à un pays d’avoir 20, 30 ou 50 ministres. La souveraineté n’est pas conditionnée au soutien des organisations internationales. Le Gabon a constitué un gouvernement en adéquation avec les accords du dialogue politique national. C’est un vrai renouvellement, qui tient la route. Je crois que cela ne nuit pas à la promesse faite par le président de la République de réduire le train de vie de l’État. D’ailleurs, les rémunérations des ministres sont moins élevées que par le passé.