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Nouveau gouvernement : les feuilles de route d’Issoze Ngondet

Le 13 octobre 2016, une quinzaine de jours après sa nomination à la fonction de Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet annonçait une liste des mesures prioritaires pour les 100 premiers jours de son gouvernement. Reconduit le 21 août 2017, il s’est présenté le lendemain à la presse justifiant ses choix, mais annonçant également de nouvelles missions prioritaires. Ce qui amène à s’interroger sur l’épaisse feuille de route de ses 100 jours au «2-Décembre». Communiquer dessus pourrait être un baume.

Porté pour la première fois à la primature le 2 octobre 2016, Franck Emmanuel Issoze Ngondet avait publié, le 13 octobre 2016, une feuille de route pour les 100 premiers jours de son gouvernement. Articulée autour des axes politique, économique et social, ce plan comportait 173 mesures jugées alors prioritaires. Reconduit le 21 août dernier, sans pourtant faire le bilan de ces priorités, il en a annoncé de nouvelles.

Ainsi 24 heures après la formation de son deuxième cabinet, Issoze Ngondet a indiqué trois missions prioritaires pour la nouvelle équipe : la mise en œuvre des Actes du Dialogue politique avec, entre autres, l’organisation des législatives avant avril 2018 ; les négociations avec les partenaires sociaux pour une trêve sociale ; et la relance de l’économie gabonaise. Ce qui amène l’opinion à s’interroger sur les 173 mesures de 2016, à réaliser en 100 jours. Du fait qu’il n’a nullement présenté sa démission avant la formation de ce nouveau gouvernement, le Premier ministre s’inscrit logiquement dans la continuité de son action antérieure. Il aurait donc «dû faire le bilan de son premier mandat à la tête du gouvernement avant de se lancer dans de nouvelles annonces», estime un étudiant de l’Université Omar-Bongo.

Déclaration de politique générale

Si le chef du gouvernement ne fera pas de déclaration de politique générale lui permettant de revenir sur son premier bilan, le Gabonais lambda continue, lui, de trouver que «son quotidien devient de plus en plus difficile». Or dans les 100 mesures prioritaires antérieures figuraient en bonne place plusieurs mesures à caractère social destinées à améliorer les conditions de vie des Gabonais. Elles concernaient notamment la fourniture de l’eau et de l’énergie ; le lancement du programme 1 étudiant = 1 ordinateur ; l’installation d’émetteurs-récepteurs sur l’ensemble du territoire national, ainsi que de la réhabilitation du cinéma Le Komo pour sa transformation en espace culturel ; le lancement de la 1ère édition des Nuits Bantou ; la finalisation de la réglementation sur les droits d’auteur et la fixation des quotas de production gabonaise de diffusion des heures musicales sur les médias publics.

Etaient également préconisés, le règlement des arriérés dus à la SEEG ; le lancement du plan d’urgence eau potable de la commune de Lambaréné ; le renforcement et l’extension de l’eau potable dans la zone d’Akournam ; le lancement des travaux d’extension d’eau potable dans la zone Angondjé-Cap ; et le lancement des travaux d’adduction d’eau potable de Bakoumba dans le Haut-Ogooué.

Dans le pays réel

Hors du papier, l’opinion relève plutôt, concernant notamment le social, l’exacerbation de la précarité. «L’eau et l’électricité sont devenues des denrées d’une rareté indescriptible au Gabon», a déclaré, lors d’un micro-trottoir, un habitant de Nkembo dans le 2e arrondissement de Libreville. Pour ce quadragénaire, «avoir une goutte d’eau dans le quartier relève d’une prouesse». «Il faut des semaines voire des mois pour espérer un peu d’eau ici. Et lorsqu’elle vient, tout le monde est endormi parce que l’eau n’arrive qu’à des heures tardives». Il en est de même pour l’électricité dont les coupures intempestives causent bien de dommages aux appareils électroménagers. On se garde d’évoquer le chômage qui génère une recrudescence de la délinquance et conduit la jeunesse à la débauche.

Si la Coupe d’Afrique des nations (Can) s’est bien déroulée et les infrastructures y relatives livrées, si le Dialogue politique a été organisé, pour ce qui est du volet politique, il reste que l’opinion s’interroge. Notamment au sujet des logements de Bikélé, toujours pas livrés, et de plusieurs autres projets à caractère social et valorisant, ou encore du programme de l’égalité des chances qui semble avoir été oublié.

En annonçant de nouveaux objectifs, a commenté une journaliste présente à la conférence de presse du 22 août, «on a l’impression que le Premier ministre avait rangé dans les tiroirs les précédentes priorités». Au regard du délitement du climat social avec la crise économique et financière asphyxiant les familles, le gouvernement gagnerait à communiquer, «à montrer au moins l’impulsion, le démarrage de la grande majorité de ces programmes» impactant directement la vie des populations. Jiddu Krishnamurti, philosophe indien, n’écrivait-il pas dans son ouvrage, Briller de sa propre lumière (2013), que «Communiquer avec quelqu’un, c’est faire ensemble un voyage en se comprenant» ? Communiquer pourrait donc déjà être un début de solutions aux multiples tensions sociales enregistrés un peu partout dans le pays.

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