La décision vient du gouvernement d’Ali Bongo, qui a très mal apprécié l’appel à l’insurrection populaire lancé par Jean Ping, dont certains proches ont déjà été contraints de rebrousser chemin.
Au Gabon, pour le pouvoir, la ligne rouge a été franchie. C’était le 18 août dernier, lorsque l’opposant Jean Ping a pris la parole pour lancer un appel à l’insurrection populaire jusqu’à la chute du président en place, Ali Bongo. Sans fard, l’opposant malheureux de la dernière présidentielle ne reconnaît toujours pas sa défaite. Alors qu’il a été débouté par la Cour constitutionnelle de son pays, Jean Ping a mené tambour battant durant le mois de juillet une tournée européenne pour réclamer sa victoire. L’opposant a finalement décidé de changer de stratégie et de faire appel à la rue. Ainsi, il a demandé à la population gabonaise de redescendre dans les rues : « Je ne vous retiens plus. Je vous enjoins d’organiser dès aujourd’hui et sans limites, jusqu’au départ des putschistes, toute manifestation civique », avait-il lancé.
L’opposition confinée
« Trop, c’est trop ! » a dit le gouvernement gabonais. Deux semaines plus tard, le principal opposant gabonais et plusieurs leaders de l’opposition ont été interdits de sortir du territoire en réponse à ce que les autorités qualifient d’appels au « trouble à l’ordre public », a indiqué dimanche le porte-parole du ministère de l’Intérieur. « Cette mesure est consécutive aux propos séditieux de Jean Ping tenus le 18 août 2017 quand il appelait au trouble à l’ordre public, à la rébellion et à l’insurrection », a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Jean-Éric Nziengui Mangala. Il s’agit d’une « mesure administrative provisoire » concernant « les responsables des partis politiques et personnalités au sein de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) autour de Jean Ping », a expliqué dimanche le porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Le ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha n’a pas hésité à déclarer ce lundi matin sur Radio France Internationale qu’il « s’agit là simplement d’une réponse du berger à la bergère ».
Une mesure déjà appliquée
La mesure a frappé un allié de Jean Ping, l’ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba. « Je devais voyager pour la France vendredi soir. À l’aéroport, la police me dit que je ne peux pas partir et qu’elle ne fait qu’appliquer les ordres », a-t-il raconté, ajoutant que c’est la troisième fois qu’une telle mesure lui est appliquée. Le 27 août, le professeur Albert Ondo Ossa, ancien candidat à la présidentielle de 2009, a lui aussi été interdit de prendre son vol pour le Cameroun.
« De manière arbitraire et illégale, ce pouvoir a désormais entrepris de séquestrer les opposants à l’intérieur du territoire », a réagi Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de Jean Ping, contacté par l’AFP. La CNR de Jean Ping a annoncé la tenue lundi d’un « rassemblement national » dans un collège de la capitale Libreville.
Le 25 août, des marches de soutien à M. Ping avaient eu lieu dans plusieurs villes du pays, conduisant à plusieurs arrestations et à des dispersions par la police à Libreville et à Port-Gentil.