Le ministre de l’Habitat Bruno Ben Moubamba, l’un des symboles au Gabon du dialogue et de l’ouverture voulus par le président Ali Bongo Ondimba après sa réélection contestée il y a un an, a été écarté du gouvernement, a indiqué jeudi soir un communiqué du Premier ministre.
« Troisième homme » du scrutin présidentiel du 31 août 2016, avec un peu plus de 0,5% des voix, derrière M. Bongo et son rival Jean Ping, l’ex-opposant avait été nommé vice-Premier ministre fin septembre dans le premier gouvernement d’Emmanuel Issoze Ngondet, avant d’être rétrogradé au rang de ministre d’Etat lors d’un remaniement en août.
Depuis sa nomination, cet ancien journaliste et philosophe de formation avait agacé ses collègues de l’exécutif par son franc-parler dénonçant par exemple ce qu’il considérait être des pesanteurs de son administration.
La veille de son limogeage, M. Ben Moubamba, 50 ans, avait attaqué frontalement le Premier ministre sur sa page Facebook.
« Quand on est chef d’un Gouvernement, il y a des choses qu’on n’a pas le droit de faire pour régler les comptes à des ministres qu’on n’aime pas », écrivait-il en revendiquant la responsabilité sur les « affaires foncières ».
« Vous voulez me faire partir et m’humilier ? N’utilisez pas des moyens déloyaux et illégaux. Je commence à en avoir assez de ces méthodes… Je ne suis pas venu au gouvernement pour vous servir de punching-ball », ajoutait-il.
Le gouvernement « ne saurait en aucune manière devenir un forum au sein duquel chaque individu fait valoir ses propres intérêts », indique le communiqué du Premier ministre annonçant le nom du remplaçant de M. Ben Moubamba, Josué Mbadinga Mbadinga.
Sans nommer M. Ben Moubamba, le communiqué rappelle les « trois principes fondamentaux » de l’action gouvernementale: la solidarité, le devoir de réserve et le respect de la hiérarchie.
La démission de M. Ben Moubamba intervient dans un contexte de regain de tension au Gabon, entre l’appel à la désobéissance civile de M. Ping et la réponse ferme des autorités. En deux jours, 19 militants d’opposition ont été placés en détention pour trouble à l’ordre public.