Le Parlement européen a appelé jeudi le Gabon à cesser de « harceler, intimider et persécuter » les opposants au président Ali Bongo, et a estimé « inacceptable » que l’opposant Jean Ping ait été récemment empêché temporairement de quitter le pays.
Dans une résolution adoptée à Strasbourg, les élus européens appellent Libreville à « libérer immédiatement toutes les personnes encore détenues illégalement ». Ils condamnent « fermement les menaces permanentes, les agressions, le recours à la force ainsi que les restrictions sévères et les intimidations à l’encontre des opposants, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes au Gabon ».
« Il est inacceptable que plusieurs dirigeants de l’opposition, notamment Jean Ping, candidat à l’élection présidentielle, aient été temporairement empêchés (début septembre, ndlr) de quitter le territoire », affirment encore les eurodéputés, qui voient dans cet épisode une « mesure arbitraire ».
En décembre dernier, une Mission d’observation électorale (MOE) de l’Union européenne avait conclu que le scrutin présidentiel d’août 2016, remporté par le président sortant Ali Bongo, avait été entaché « d’anomalies », lesquelles avaient « mis en question » son résultat final.
De ce fait, les États membres et la Commission européenne devraient « réexaminer leurs politiques à l’égard du Gabon et envisager des sanctions ciblées à l’encontre des responsables de la fraude électorale et des actes de violence qui en ont découlé », estiment les eurodéputés.
Les conclusions de la mission européenne d’observation du scrutin « étaient très claires », a rappelé de son côté, devant le Parlement, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
« Nous ne pouvons pas simplement tourner la page ou permettre à d’autres de la tourner. C’est pourquoi les relations entre l’UE et le Gabon ont été réexaminées », a-t-elle ajouté.
Le gouvernement gabonais doit « s’engager dans des réformes électorales et institutionnelles significatives », a insisté Mme Mogherini. Il est également « essentiel de faire la lumière sur les graves violations des droits de l’homme dans le pays », a ajouté la Commissaire.
Pour l’élu social-démocrate allemand Jo Leinen, qui a participé à la mission d’observation européenne, « Ali Bongo n’est pas un président légitime. Nous savons qu’il a manipulé les derniers résultats et qu’il a perdu les élections ».
Le président gabonais, « pas plus que d’autres, ne peut se soustraire au verdict des habitants pour se maintenir à tout prix au pouvoir et orienter à son profit exclusif les richesses du pays », a souligné de son côté l’eurodéputé socialiste français Jean-Paul Denanot.