Les séminaires gouvernementaux se suivent et se ressemblent. Le premier d’entre eux eut lieu les 7 et 8 novembre 2009 au Parc national de la Lopé, le deuxième à Franceville du 23 au 25 février 2014, le troisième à la Pointe Denis, les 23 et 24 janvier 2015. A l’examen, les recommandations de ces séminaires ont rarement été mises en application. Quid des résolutions du séminaire du Cap Estérias ? Du doute dans l’opinion !
Réunis au Cap Estérias dans la commune d’Akanda sur des terres Benga connues pour leur fertilité, les membres du gouvernement formé le 21 août ont participé à un brainstorming géant pour générer des recommandations devant faire l’objet de décrets ou d’arrêtés en vue de leur mise en exécution. Au titre de ces recommandations, il y a notamment le règlement de la dette intérieure «qui demeure, selon le Premier ministre, un facteur bloquant de la relance de l’économie», la création d’un Conseil de discipline budgétaire «afin de maîtriser les dépenses de l’État», l’amélioration des conditions de travail des agents de l’État, la mise aux normes des équipements dans les administrations, la mise en œuvre du programme de départ volontaire et le redéploiement des agents de l’État vers les gouvernorats, préfectures et mairies…
Les recommandations du précédent séminaire
En définissant ainsi les couloirs d’activités dans lesquels son action va se mouvoir durant les prochains mois, le gouvernement se donne pour objectif principal de réussir la mise en œuvre de son Plan de relance économique. Il apparaît cependant impossible, pour les observateurs de la vie politique nationale, d’oublier que les séminaires précédents avaient produit des recommandations tout aussi importantes, ayant par la suite été adoptées par le gouvernement. Que ce soit sous Paul Biyoghé Mba (novembre 2009, La Lopé), Raymond Ndong Sima (février 2014, Franceville) ou Daniel Ona Ondo (janvier 2015, Pointe Denis), la matérialisation des recommandations reste attendue. D’ailleurs, au Cap Estérias, jeudi et vendredi derniers, Emmanuel Issozé Ngondet, le Premier ministre, a indiqué, comme un terrible aveu, que «l’application des recommandations du précédent séminaire de la Pointe-Denis est nécessaire» !
Datant de 2015, ces recommandations portaient notamment sur «la maîtrise des dépenses publiques en commençant par la réduction des émoluments des membres du gouvernement, ainsi que ceux de certains responsables d’institutions de la République ; la suppression du cumul des fonctions ; la réduction du nombre de véhicules de fonction ; la réduction et la priorisation des missions porteuses à l’étranger ; la création d’un fonds de stabilité pour couvrir les besoins de financement des projets en veilleuse ; la mise en place d’un cadre juridique pour les partenariats public-privé (PPP) ; la création du Pacte national d’ajustement pour la compétitivité (PNAC) et la création d’un office de recettes douanes-impôts». A ce jour, seule cette dernière (l’office de recettes douanes-impôts) a vu le jour, mais elle a du mal à être accepté par l’ensemble des régies financières.
Fertilité des terres Benga du Cap Estérias
Question : si les recommandations du séminaire gouvernemental de la Pointe Denis ne sont pas appliquées depuis 2015, que présager de celles du Cap Estérias ? Pointe Denis 2015 – Cap Estérias 2017, comment croire que ça va changer ? L’opinion est en tout cas dubitative. Pour le grand public en effet, il s’agit une fois de plus de vœux pieux, d’annonces sans suite… Dans l’opinion, le gouvernement n’a ni état de grâce, ni bénéfice du doute. On ose croire que la fertilité des terres Benga du Cap Estérias va permettre la matérialisation des résolutions adoptées le 15 septembre dernier.