Au Kenya, la Cour suprême a prononcé un verdict très dur à l’encontre de la Commission électorale (IEBC) ce mercredi 20 septembre au matin. Les juges ont détaillé et expliqué leur décision du 1er septembre d’invalider la victoire d’Uhuru Kenyatta. Conclusion : les élections ne sont pas une affaire de nombres, mais de processus, dit la Cour, et l’IEBC s’est rendue coupable de graves entraves à la loi lors du décompte et de la transmission des résultats.
La Cour suprême a constaté que de nombreux procès-verbaux publiés par la Commission électorale (IEBC) après la proclamation des résultats ne portaient pas de marques d’authentification ou même de signatures d’assesseurs.
Par ailleurs, elle a établi que la Commission électorale a failli à transmettre les procès-verbaux des bureaux de vote simultanément vers les centres de décompte locaux et nationaux comme la loi le demande. Les résultats finaux de l’élection ont été annoncés alors qu’un grand nombre de ces procès-verbaux manquaient à l’appel et surtout se fondaient sur des documents douteux.
Pour la juge Philomena Mwilu, les problèmes de connectivité internet soulevés par la Commission ne sont pas une excuse. « Après avoir dépensé des millions de la poche du contribuable, l’IEBC aurait dû mettre en place un système de secours », dit-elle. Surtout, elle reproche à la Commission d’avoir refusé l’accès à ses serveurs, malgré un ordre de la Cour.
Impossible donc de réfuter les accusations de trucage de l’opposition. Les juges en concluent que le système informatique de la Commission a pu être infiltré et compromis ou que l’IEBC n’a pas été en mesure de vérifier les résultats de l’élection. Et elle conclut que « l’élection n’était ni transparente, ni vérifiable ». Le verdict pointe ainsi directement la responsabilité des dirigeants de l’IEBC et de ses experts.
La Commission électorale crédible pour le 17 octobre ?
Depuis l’annulation de l’élection, il y a trois semaines, le climat de la campagne s’est considérablement tendu. Le président de la Cour David Maraga a déclaré mardi que les juges faisaient l’objet de menaces. Des juges que le président sortant Uhuru Kenyatta avait publiquement traités « d’escrocs ».
De son côté, l’opposition ne manque pas de noms d’oiseaux non plus pour qualifier la Commission électorale dont elle demande la démission de certains membres.
Plus que jamais, l’IEBC est en mauvaise posture à moins d’un mois du nouveau scrutin. D’autant que la société française OT-Morpho, chargée de fournir le système de transmission électronique des résultats, a averti qu’elle ne serait pas prête le 17 octobre.