Entre les soupçons de malversations financières visant des responsables de structures publiques et le non-respect des engagements de l’Etat, le secteur de l’habitat et du logement croule littéralement sous des dettes, qui l’empêchent de mener à bien les projets lancés depuis des années.
Une des principales raisons expliquant l’arrêt ou la lenteur dans l’avancement des chantiers prioritaires en matière d’habitat et de logement au Gabon est que le secteur est plombé par des dettes. S’il est vrai que l’Etat rechigne à respecter ses engagements, vis-à-vis des structures et administrations chargées de la mise en œuvre de la politique gouvernementale en la matière, la responsabilité de certains patrons n’est pas à ignorer.
Au cours de la tournée de prise de contact initiée par le ministre d’Etat chargé de l’Habitat, de la Ville et de l’Urbanisme à Libreville, du 19 au 21 septembre, certains responsables, asphyxiés par les plaintes de leurs collaborateurs ces derniers mois, se sont lâchés. C’est notamment le cas du président du conseil d’administration de la Société nationale du logement social (SNLS) et du directeur général adjoint assurant l’intérim du DG Paul Mapessi, limogé en avril dernier par Bruno Ben Moubamba pour des soupçons de malversations financières. Face à Josué Mbadinga, le PCA a révélé que la société croulait sous «une dette abyssale». D’après le DG par intérim, cette dette s’évalue à ce jour à 25 milliards de francs CFA.
S’il a assuré qu’il n’a rien à avoir avec la situation actuelle, l’intérimaire a précisé que le montant de cette dette prend en compte le non-paiement des salaires des agents (159 millions), le paiement des prestations des partenaires de la SNLS (cabinets d’avocats et d’huissiers, banques), en plus des arriérés des factures d’électricité, d’eau et de la location. Alors que la SNLS est censée s’autofinancer par la vente de terrains et pour assumer, en partie ses propres charges, les documents en possession du PCA et du DG par intérim interpellent sur la qualité de la gestion de cette société. «Nous avons noté, dans certains documents, plusieurs ventes de terrains qui auraient pu réduire le poids de la dette de la SNLS. Ces ventes n’ont jamais transité dans la comptabilité de la Société».
A quoi a pu servir l’argent de la vente de ces terrains ? Nul ne le sait. Mais il est peu probable que ces entrées aient servi à l’achat des véhicules des agents de la SNLS. Jusqu’à sa prise de fonction, en avril, «la société n’avait qu’un seul véhicule 4X4, qui servait à tout faire», a indiqué le remplaçant de Paul Mapessi.
Si les choses se passent plutôt bien pour la Société nationale immobilière (SNI) de Juste-Valère Okologo, qui n’a pas manqué de rappeler que sa structure attend toujours que l’Etat tienne ses engagement pour l’achèvement de certains chantiers à travers le pays (82 milliards pour les immeubles de Port-Gentil, le reste des 5,4 milliards à devoir au propriétaire de la parcelle de Nkok) ; à l’ANUTTC ; elles se compliquent davantage pour François Auguste Akomezogo. Le DG a fait part, le 20 septembre, au ministre d’Etat de ce que la structure dont il a la charge fait également face à d’importantes difficultés financières. Il a notamment évoqué une dette d’environ 100 millions de francs de loyer, 12 millions de francs d’impayés à l’entreprise française Siatel, conceptrice du logiciel Gargantua servant à la numérisation des dossiers des demandeurs de terrains.
Composée de 67 fonctionnaires ainsi que d’une centaine de contractuels, l’ANUTTC ne parviendrait plus à payer les salaires. Ses agents comptabilisent à ce jour trois mois de salaire impayé. Ces différentes dettes seraient-elles aussi le fait de la qualité de gestion de François Auguste Akomezogo ? Le nouveau ministre en charge de l’Habitat sera peut-être amené à initier, à l’exemple de son prédécesseur, un audit pour y voir clair.
Pour l’heure, Josué Mbadinga, qui a clos sa tournée de prise de contact, jeudi 21 septembre, par la visite de la direction générale de la Ville (DGV), l’Observatoire urbain, la SNLS et la SNI, a promis de convoquer prochainement chaque administration et structure placée sous son autorité pour une réunion sectorielle. Des visites et des contrôles sur le terrain des différents chantiers sont aussi au programme.