Attendu au Gabon avec impatience, le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), Fatou Bensouda a rappelé au cours d’une audience avec le Président de la République, Ali Bongo Ondimba que l’examen préliminaire en cours sur le Gabon n’est pas une enquête et encore moins un procès.
Voici une position qui calmera certainement les ardeurs de ceux qui attendent avec impatience les conclusions de la CPI, après l’examen préliminaire sur les allégations de crimes contre l’humanité commis au Gabon au lendemain des élections présidentielles d’août 2016 et soumis à l’institution par l’opposition et la majorité au pouvoir. Dans une audience avec le Président de la République, le procureur de la CPI, Fatou Bensouda a rappelé que l’examen préliminaire en cours sur le Gabon n’est pas une enquête et encore moins un procès.
Pour le procureur, il s’agit d’une mesure de routine destinée à réunir les éléments qui permettront, ou non, d’ouvrir une éventuelle enquête. Depuis la crise post-électorale d’août 2016, l’opposition et la majorité sont à couteaux tirés. En septembre 2016, le gouvernement avait sollicité la CPI pour ouvrir une enquête sur des « faits relevant de l’incitation à commettre des actes de génocide » et des « crimes contre l’humanité » par les militants acquis à la cause de l’opposant Jean Ping, candidat malheureux lors de la dernière élection présidentielle de 2016. L’opposition de son côté, réclame une enquête internationale pour des cas de torture, arrestations arbitraires, un « coup d’État militaro-électoral » et des massacres perpétrés par la majorité tenante du pouvoir.
Les deux camps sont également divisés sur le nombre des personnes décédées à la suite de cette élection. La majorité parle de quelques morts, chiffrés à moins d’une dizaine de personnes tandis que l’enquête menée par l’opposition fait état de plus de vingt personnes tuées lors de ces émeutes. L’enquête s’était déroulée durant deux jours, durant lesquels les experts de la CPI avaient récolté des informations nécessaires à l’examen. Si les deux camps attendent avec impatience les résultats de cette enquête, le chef de la mission, Erice Rogier, avait annoncé au terme de 48 heures d’inspection qu’« il n’y a pas de délai imparti par le statut de Rome pour conclure un examen préliminaire. Mais en revanche, nous pouvons vous assurer et assurer tous les Gabonais que ce travail sera effectué en toute indépendance, et en toute impartialité ».
Michael Moukouangui Moukala