L’État gabonais a adopté son projet de loi de finances pour 2018, avec un budget en légère baisse dans un contexte économique difficile et un pays confronté à des détournements massifs d’argent public.
Le conseil des ministres gabonais a adopté, le 12 octobre, son projet de Loi de finances pour l’exercice 2018, avec un projet de budget de l’État de plus de 2 688 milliards de francs CFA (4,1 milliards d’euros), indique un communiqué de la présidence.
En baisse de 260 millions de francs CFA par rapport au budget 2017, qui affichait lui-même une diminution de 5 % par rapport à l’exercice précédent, ce budget 2018 s’articulera notamment autour de « l’effort de mobilisation des recettes fiscales et douanières, la maîtrise et l’assainissement des dépenses publiques », avec des dépenses d’investissement consacrées prioritairement aux infrastructures et aux services sociaux de base, selon la présidence.
Un « contexte contraint »
Riche principalement de son pétrole et de sa forêt, le Gabon doit affronter depuis 2015 un « contexte contraint ». La crise économique qu’il traverse est aggravé par la baisse des prix du brut -, se traduisant par du chômage, des grèves, des entreprises qui tournent au ralenti ou mettent la clé sous la porte.
La croissance du produit intérieur brut, qui était de 3,9 % en 2015, devrait baisser à 1 % en 2017, selon le FMI qui a jugé la situation économique « délicate ». L’institution a accordé en juin un prêt de 642 millions de dollars à Libreville, en échange d’un effort d’« assainissement budgétaire », dans le cadre du plan de relance économique initié par le gouvernement.
Par cet accord, le gouvernement, qui a déjà diminué ses investissements des deux tiers depuis 2013, s’est engagé à faire de nouveaux efforts en la matière, mais aussi à réduire la masse salariale de la fonction publique de 0,5 % du PIB (environ 70 millions de dollars) sans réduction d’effectifs, et en réglant la lancinante question des 800 milliards de francs CFA d’arriérés de paiement.
Détournements massifs d’argent public
Mais le pays devra aussi combattre les détournements massifs de l’argent public auxquels il est confronté de longue date. Selon la Commission gabonaise de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), entre 2006 et 2012, plus de la moitié du budget de l’État « a disparu dans la nature ». Le Gabon occupe la 101e place, sur 176 pays, dans l’indice de perception de la corruption publié chaque année par Transparency International.
Le Gabon tente également de se relever la présidentielle d’août 2016, marquées des violences post-électorales inédites et qui a vu la réélection d’Ali Bongo, contestée par l’opposition.
Les autorités ont lancé début 2017 une opération anticorruption baptisée Mamba (serpent) mais décriée par l’opposition comme une opération politique, ayant jusqu’à présent abouti à l’arrestation de plusieurs hauts responsables, dont deux ministres et un ancien directeur général des douanes.
Par Jeune Afrique avec AFP