Principal initiateur de la rénovation du port d’Owendo, Gagan Gupta, président d’Olam Gabon, revient pour Jeune Afrique sur la manière dont son groupe et le groupe Bolloré ont fini par trouver un accord dans le litige qui les opposaient. Il expose également ses attentes en termes de résultats pour ce nouvel outil.
Jeune Afrique : Quels sont les détails de l’accord passé entre vous, GSEZ, Bolloré Transport & Logistics et l’État gabonais ?
Gagan Gupta : Selon les termes de l’accord, il est prévu que Bolloré investisse sur le terminal à nos côtés, mais je ne peux pas vous dire pour quel montant. Bolloré réclamait le respect de la concession signé pour 20 ans, mais pour cela, il a été nécessaire de définir le périmètre exact de la convention signée en 2007.
C’est ce que l’accord trouvé entre GSEZ et Bolloré, supervisé par l’État gabonais, a tenté de réaliser. Les pouvoirs publics souhaitent disposer d’infrastructures efficaces et compétitives et ils ont estimé que Bolloré disposait de toute l’expertise pour les opérer.
Qui sont les gagnants de cet accord ?
Tout le monde ! L’État parce qu’il dispose d’un port moderne sans avoir dépensé un franc. Dans un contexte portuaire des plus concurrentiel dans la région, le coût des activités sur Owendo a déjà diminué de 40 % depuis son démarrage en juillet, c’est donc un gain net pour l’économie du pays.
On peut penser que, grâce à ces tarifs, les trafics à l’export qui ne sortaient pas par le Gabon, le feront désormais.
C’est ce qu’il s’est passé avec notre port minéralier. Suite à la diminution des temps de manutention et des prix, à hauteur de 50 %, les entreprises qui ne pouvaient pas exporter faute de compétitivité peuvent aujourd’hui le faire.
Bolloré est également gagnant parce qu’il conserve et même renforce son activité conteneurisée dans le pays. Enfin GSEZ gagne, car sa stratégie reste concentrée sur le vrac agricole. Et l’accord lui permet aujourd’hui d’être associé à un partenaire qui connaît parfaitement l’activité conteneurs en Afrique.
Quels seront les trafics traités à l’export sur le port d’Owendo ?
Essentiellement les produits en provenance de la zone économique de Nkok, susceptibles d’être conteneurisés. C’est-à-dire à 90 % du bois transformé. Avant la mise en place de cette zone, le pays ne comptait que 4 entreprises de transformation. Il y en a aujourd’hui 45, rien que sur Nkok et 32 autres sont en cours d’installation sur cette zone qui a profondément modifié le secteur du bois au Gabon. D’ici trois ans, elle pourrait abriter quelques 180 usines, quelques-unes gabonaises, mais la grande majorité en provenance d’Asie.
Ne redoutez-vous pas, à termes, la concurrence des ports voisins de Kribi ou de Pointe-Noire ?
Le port d’Owendo n’est pas un port de transbordement. Il ne capte pas les grands flux continentaux, mais les produits liés au marché gabonais, à l’import comme à l’export. Il n’y a donc aucune concurrence à attendre avec les autres terminaux portuaires. A moins que les volumes traités à Owendo n’augmentent significativement pour attirer d’autres grandes lignes maritimes. Tout est question de volume. Et s’ils sont à Owendo demain, alors les compagnies maritimes s’y arrêteront.
Est-ce qu’Olam a d’autres projets équivalents à celui du Gabon, en matière portuaire et logistique, ailleurs en Afrique ?
Oui, mais je ne peux rien annoncer. Le Gabon a été une première expérience pour nous, dans ce domaine, en Afrique. Et maintenant que nous disposons de toute l’expertise nécessaire, bien sûr que nous regardons, où, dans les 28 pays où nous sommes présents sur le continent, nous pourrions faire la même chose.
Avec ou sans Bolloré ?
Nous verrons au cas par cas. Nous connaissons bien ce groupe, pour utiliser déjà ses services au Cameroun, en Côte d’Ivoire. Tout dépend des contextes propres à chaque pays et à chacune de nos activités.