Libreville abrite du 17 au 19 octobre 2017 un atelier de formation des acteurs nationaux sur les Violences basées sur le genre (VBG). Une initiative qui vise à préparer l’élaboration de la stratégie nationale contre ce phénomène.
Au Gabon, les violences basées sur le genre restent une préoccupation majeure. Une étude menée sur ce phénomène en 2015 révèle que 54,3% des femmes subissent ces violences. Pour mieux saisir les contours de ce problème, en vue de le combattre, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et le ministère de la Famille, de la Protection sociale et de la Solidarité nationale organisent un séminaire de trois jours à Libreville. Il est destiné au renforcement des capacités des acteurs nationaux, partie prenante de la lutte contre le phénomène.
Selon le représentant résident du Système des Nations unies, Stephen Jackson, les violences basées sur le genre «désigne tout acte de violence dirigé spécifiquement contre une femme ou contre un homme du fait des rapports sociaux inégalitaires, régissant la communauté ou la société de laquelle est issu l’individu». «Cette violence regroupe alors les violences physiques, sexuelles, psychologiques, économiques, institutionnelles, les pratiques traditionnelles néfastes et la majorité des victimes sont des filles et des femmes ». Ces faits sont inacceptables et inadmissibles, car c’est « une violation des droits de l’homme», a-t-il ajouté.
L’atelier de Libreville est la résultante de l’Enquête nationale de lutte contre les VBG menée en 2015 au Gabon. Cette étude a démontré que l’impact de ce fait social atteint aussi bien les hommes que les femmes. Le ministre de la Famille et de la Protection sociale, Paul Biyoghé Mba, a souligné que la prévalence des VBG est importante, et «ce sont les femmes qui les subissent le plus». «Elles sont 54,3% à subir les violences physiques contre 45,7% pour les hommes et 82% de femmes contre 17,7% pour les violences sexuelles».
Les travaux de cet atelier visent à apporter un appui à l’élaboration de la stratégie nationale VBG, à améliorer les connaissances des partenaires de mise en œuvre, en «Paquet de services essentiels pour les victimes des VBG, du staff de l’UNFP et du Système des nations unies (SNU)». Une quarantaine de participants venus de divers départements ministériels, de la société civile, du secteur privé et du SNU prend part à cette formation.
En reconnaissant la quasi-inexistence des structures appropriées destinées à la prise en charge des victimes, les faiblesses, l’insuffisance des ressources humaines formées et/ou spécialisées, l’indisponibilité de la prophylaxie post exposition et l’absence de structures d’accueil et de réinsertion des survivants, Paul Biyoghé Mba a déclaré que la «tenue de cet atelier est une opportunité offerte au Gabon par le Fonds des Nations unies pour la population pour renforcer ses compétences nationales et ainsi améliorer nos interventions».
Les actions de prévention permettent de sensibiliser et d’éduquer la communauté sur le VBG. Mais pour y parvenir, le renforcement des compétences des acteurs nationaux en matière de prise en charges représente un passage nécessaire pour que le nombre de recours aux services sociaux, médicaux et judiciaires augmente et que l’aide aux victimes devienne accessible et humaine. «Nous devons travailler avec les hommes, les femmes, les jeunes gens et les leaders communautaires et religieux afin de prévenir, de sensibiliser, de dénoncer et de changer les attitudes discriminatoires et les normes sociales qui rendent possible la persistance de ladite violence», a recommandé Stephen Jackson.
La formation est assurée par le Conseiller régional, chargé des questions de genre et des droits humains au Bureau régional pour l’Afrique de l’ouest et du centre de l’UNFPA, Idrissa Ouedraogo. Pour lui comme pour les autres participants, mettre fin aux violences basées sur le genre doit demeurer une priorité pour tous.