Au sujet du respect des engagements de l’Etat à leur endroit, les grandes écoles privées ne démarrent pas toutes cette nouvelle année académique avec le même sentiment. Certaines espèrent que l’Etat se souvienne de ses engagements quand d’autres subissent déjà les conséquences liées au retard du règlement de ses dettes.
Cette nouvelle année académique ne démarre pas dans les mêmes conditions pour toutes les grandes écoles privées du pays, principalement celles installées à Libreville. Moins de deux mois après le début des cours, certaines de celles ayant signé des conventions avec l’Etat se plaignent déjà du non-respect de ses engagements par leur principal partenaire. C’est le cas de l’Institut supérieur d’ingénierie (ISI), dont les étudiants boursiers manifestent depuis quelques jours leur frustration. Faute d’argent, ils ne peuvent soutenir et valider leur diplôme de Master ou de Licence.
En septembre dernier, déjà en litige avec l’Etat depuis deux ans, l’ISI avait décidé de faire payer les frais d’inscription et de soutenance par les étudiants boursiers. Ceux-ci s’élèvent à plus de 2 millions de francs par étudiant. La raison évoquée : «l’Etat n’a pas honoré à ses engagements», explique Aubin Moussavou, le porte-parole des étudiants en colère. Ce dernier rappelle que selon la convention signée avec l’ISI en 2012, l’Etat gabonais s’engage à «payer tous les frais». Seulement, depuis le début de l’année académique 2014-2015 la dette de l’Etat vis-à-vis de cet établissement privé n’a pas cessé de grossir, atteignant «plusieurs centaines de millions de francs CFA» à ce jour, comme l’avait déjà déploré Yannick Amiar Bikélé, le directeur général d’ISI, en mai 2017.
Pour Pierre Mickolo, PCA de l’ISI, il est difficile, par exemple, de convaincre les enseignants d’intégrer le jury d’une soutenance sans que l’établissement ne soit capable de leur garantir le paiement de leurs prestations, qui se fait aussitôt après chaque soutenance. Les étudiants boursiers de leurs côtés se refusent à payer la somme de 280 000 francs pour leur soutenance.
Pour d’autres établissements privés, à l’instar de l’Ecole supérieure des arts et des métiers (Groupe ESA-IUSD), le début des cours cette année, semble moins préoccupant. Si ces écoles privées reconnaissent aussi des retards dans le règlement de la dette à leur endroit, elles disent pourtant ne pas hésiter d’inscrire les étudiants recommandés par l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG). «Nous partons sur le principe selon lequel l’Etat finit toujours par payer», a expliqué Ndong-Essouna, le directeur d’ESAM-IUSD, qu’il présente comme «une structure citoyenne».