Construit en 18 mois par le groupe singapourien Olam international, le «New Owendo international port», mis en service depuis juin 2017, a été officiellement inauguré le 14 octobre. «Un jour historique» pour le chef de l’Etat gabonais Ali Bongo qui a, en partie, confié la gestion du nouveau terminal portuaire au groupe français Bolloré après un bras de fer avec son concurrent Olam.
Couper le ruban pour faire oublier la brouille. C’est entouré de Gagan Gupta, le président d’Olam Gabon, véritable initiateur du projet, et de Cyrile Bolloré, fils de Vincent Bolloré, que le président gabonais Ali Bongo a inauguré à Owendo le nouveau port international, situé à quelques encablures du port d’origine dont l’opérateur est Bolloré Transport & Logistics. Son PDG, Cyrille Bolloré, a été salué par le président Bongo comme «un partenaire historique qui a su s’adapter à nos exigences».
Dans son discours, le président du Gabon a également rendu un hommage appuyé au groupe Olam et au patron de sa filiale locale, Gagan Gupta, pour le «miracle» de ce chantier réalisé «en un temps record». Les deux infrastructures portuaires sont situées en périphérie sud-est de la capitale Libreville, principale voie d’entrée des marchandises sur la façade atlantique de ce pays enclavé d’Afrique Centrale.
Si le géant logistique français Bolloré n’a pas investi dans le nouveau joyau portuaire, il en assumera néanmoins la partie la plus importante: la gestion des conteneurs. C’est pourtant le singapourien Olam qui, grâce à un partenariat public-privé avec l’Etat gabonais, a investi quelque 300 millions de dollars dans ces travaux de modernisation.
Concurrence et baisse des prix
Le quai d’accostage atteint 690 mètres (contre 475m pour le port initial) permettant d’accueillir plusieurs navires et gonflant sa capacité à 150.000 conteneurs et 3 millions de tonnes par an, selon l’opérateur du nouveau port, GSEZ (Gabon Special Economic Zone), l’une des filiales au Gabon d’Olam. Ce chantier a employé jusqu’à 1.500 personnes et 400 emplois directs ont été créés, selon RFI.
«Porte d’entrée et de sortie en Afrique centrale», la nouvelle infrastructure est «un instrument de lutte contre la vie chère, son impact sera immédiat pour les Gabonais, nous y veillerons», a souligné le président Ali Bongo dans son discours d’inauguration. Elle vise à désengorger l’économie gabonaise, accélérer les échanges – aussi bien à l’import qu’à l’export – en apportant des nouveaux outils et un outil portuaire plus efficace, avec une diminution des coût de passage des conteneurs, a souligné l’opérateur GSEZ.
Cette nouvelle concurrence a contraint la Société des terminaux de conteneurs du Gabon (STCG) à baisser de 40% ses tarifs de prestations d’acconage et de relevage des conteneurs, et donc ses marges.
Bras de fer entre Olam et Bolloré
Un bras de fer avait opposé le groupe singapourien et le français Bolloré, partenaire portuaire du Gabon depuis les années 70. Le groupe français était jusqu’ici en situation de monopole au Gabon grâce à une convention de concession signée le 15 mai 2007 pour 20 ans. Celle-ci prévoit de confier la gestion et l’exploitation exclusive du port d’Owendo à la Société des terminaux de conteneurs du Gabon (STGC), filiale de Bolloré. Ce dernier avait porté plainte en avril 2017 devant une cour d’arbitrage à Paris pour non-respect de cette convention.
Un accord a finalement été trouvé, début octobre 2017, entre l’Etat gabonais, Bolloré et Olam. Ce dernier, un industriel de l’agro-alimentaire, est un acteur-clé de l’économie gabonaise, notamment dans le secteur de l’huile de palme et dans l’hévéa.
Le Monde rappelle qu’en 2003, le gouvernement gabonais avait privatisé la gestion de ses deux principaux ports, Owendo et Port-Gentil, sur recommandation de la Banque mondiale. Les sociétés Necotrans et Bolloré Transports&Logistics avaient obtenu la concession d’Owendo en 2007. Depuis le rachat des parts de Necotrans en 2016, c’est la filiale du groupe Bolloré qui exploite et gère seule le terminal à conteneurs.
Cette situation de monopole absolu sur le port d’Owendo semble aujourd’hui remise en question…