Participant à la troisième édition de l’Entrepreneurship forum, organisée par la Fondation Tony Elumelu du 13 au 14 octobre 2017 à Lagos, au Nigéria, Jérémie Nze Biang envisage de moderniser la commercialisation des produits touristiques. Dans cette interview accordée à Gabonreview, le jeune entrepreneur défend son rêve.
Gabonreview : Qui est Jérémie Nze Biang ?
Jérémie Nze Biang : Jérémie Nze Biang est un jeune Gabonais, porteur du projet de commercialisation en ligne des produits et des destinations touristiques des 13 parcs nationaux, dénommé Okouméa Gabon.
Comment définissez-vous votre projet ?
Okouméa Gabon est une plateforme de réservation de circuits écotourismes au sein des parcs nationaux du Gabon. Il s’agit d’un moteur de disponibilités permettant aux internautes d’accéder à l’exhaustivité de l’offre touristique disponible dans les 13 parcs nationaux du Gabon.
Le processus est simple, il suffit simplement d’aller sur la plateforme, vous choisissez le parc que vous voulez visiter. Vous verrez l’ensemble des activités possibles dans ce parc, vous choisissez ce qui vous intéresse, vous choisissez les moyens de transport que vous voulez utiliser. Si tout cela est fait, ces informations sont traitées, dans un panier. L’ensemble des choix arrive et nous faisons des réservations pour vous. Par la suite, on vous transmet un mot de passe secret qui vous permettra d’aller partout où vous voudriez vous rendre. Ainsi, l’internaute peut choisir sa destination en fonction de ses goûts et de ses contraintes.
En quoi ce projet est-il innovant?
Au Gabon, il n’existe pas d’agrégateur d’offres touristiques, en plus le modèle économique que je viens de vous expliquer est totalement innovant, dans le secteur touristique. Il est déjà utilisé dans le domaine des transports avec des entreprises comme Uber, ou BtoB, mais ce n’était pas encore fait dans le secteur touristique. J’ai réussi à le lancer et j’en suis plutôt fier.
Une autre innovation pour mon projet, est qu’aucune transaction financière n’est faite entre le client et moi. Le client paie directement à l’acteur qui effectue la prestation. En d’autres termes, si vous voulez dormir à l’hôtel la Lopé, vous faites votre réservation avec moi, je vous donne votre mot de passe et vous ne paierez que lorsque vous arriverez à l’hôtel la Lopé. Ainsi, je sécurise le paiement, la réservation et les informations de mes clients, de même que la base de données de l’ensemble des acteurs économiques avec lesquels je travaille. Car l’agrégateur ne joue qu’un rôle de facilitateur qui ne se substitue aucunement aux acteurs existants.
Pensez-vous pouvoir vivre de ce projet?
Actuellement je couvre la Lopé et la baie des tortures, dans le parc d’Akanda, parce que ce sont les deux parcs les plus visités et les plus connus pour le moment. Mais mon objectif est de m’étendre sur l’ensemble des 13 parcs nationaux. Je vis de mon activité. Effectivement, ça ne donne pas encore des milliards, mais un jour cela se produira et j’en suis convaincu.
Que dites aux jeunes entrepreneurs gabonais qui se plaignent de l’absence de soutien des autorités ?
Cette absence n’est pas un mensonge. Mais lorsqu’on veut être un entrepreneur, on est conscient que cela ne sera jamais rose. Prenez les plus grands milliardaires du monde, ils vous diront que leur succès ou réussite ne leur est pas tombé du ciel. Ils ont dû se battre. Et je pense qu’on devrait également le faire, surtout que notre génération est celle qui pourrait changer le Gabon et l’Afrique. Effectivement, c’est dur, ce n’est pas un choix facile, mais il faut le faire parce qu’il faut pouvoir faire partir du siècle.
Un entrepreneur, c’est un rêveur. C’est quelqu’un qui est capable de se frotter à la concurrence étrangère. Malheureusement, on a très souvent tendance à se contenter de ce qu’on a, de rester dans notre zone de confort, en étant le numéro un dans notre environnement. Mais confrontons-nous également à la concurrence extérieure, apprenons de leurs expériences. Je pense qu’ainsi, nous pourrons devenir meilleurs. Pour moi, la base du changement africain, c’est le changement de l’Africain lui-même.