Interviewé par nos confrères de l’hebdomadaire Jeune Afrique, le Vice-président de l’Union nationale (UN), Casimir Oyé Mba, invite les dirigeants gabonais à changer de paradigme 47 ans après le « choc pétrolier ». Lequel choc n’a pas permis d’émanciper le pays encore moins les Gabonais, soutient-il. « Il faut que la gouvernance change », défend-il.
« Je regrette que l’on ait mis dans la tête des Gabonais que leur pays était gorgé de ressources naturelles », dixit Casimir Oyé Mba dans l’interview publiée dans les colonnes de Jeune Afrique. Le membre de l’Union nationale et par ailleurs proche de l’opposant Jean Ping, évoque la déchéance de l’émancipation pétrolière traduite par le choc pétrolier de 1970 qui selon lui, « a été pour nous un afflux brutal d’argent ».
Un gâteau empoisonné qui a permis d’asservir les Gabonais à l’idée que l’argent était facile à gagner. « Je dirais même que l’argent a pourri mon pays », regrette-t-il.
Cet asservissement reconnaît-il, est une des causes de la maladresse économique et sociale que connaît le pays. « Nous n’y étions pas préparés », rétorque l’opposant.
Une époque cependant révolue. La chute des cours du baril de pétrole qui a démarré depuis 2014, contraint le pays aujourd’hui à des restrictions dans la gestion. Un changement de température économique et sociale qui se traduit sur le terrain par une sécheresse accrue des finances publiques ponctuée par le chômage, la fermeture d’entreprise et autres. Cette chute en avant aurait pu être anticipée reconnaît Casimir Oye Mba.
« La chute des cours du pétrole, explique-t-il, a frappé tous les pays producteurs. Même l’Arabie saoudite, qui n’est pourtant pas dans la même situation que nous. Nos gouvernants auraient dû anticiper. C’est une faute de ne pas l’avoir fait ».
La diversification comme solution
Cet affranchissement d’un Etat « béni de Dieu » doit être banni des consciences. Et le seul remède pour sortir de cette situation de léthargie économique n’est autre que de diversifier les sources de financement. « Tant mieux si nous avons du pétrole, du manganèse et du bois. Mais il faut dès maintenant commencer à nous diversifier parce que cela prendra du temps, et le gouvernement n’a pas suffisamment pris la mesure de ce qui était en jeu », renchérit l’opposant.
En effet, les années de vaches grasses sont en passe de devenir un lointain souvenir. La réalité du moment impose des challenges que la classe politique dirigeante et le peuple doivent surmonter. Un saut soudain qui surprend certes, mais qui invite à une adaptation. L’heure est désormais au changement de paradigmes. « Il faut que la gouvernance change, que les Gabonais apprennent à gérer et à compter. Qu’ils comprennent qu’un sou est un sou, et ce jusque dans la gestion de l’État », martèle l’ancien candidat à la présidentielle.
Michaël Moukouangui Moukala