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Madeleine Berre, « On ne peut pas être un leader sans réussir sa vie privée »

Ministre depuis 2015, passée par les cabinets PwC et Deloitte avant de devenir la présidente de la Confédération patronale gabonaise, Madeleine Berre souligne les difficultés des femmes à concilier vie professionnelle et vie privée.

Jeune Afrique : Comme vous l’avez indiqué durant le CEO Forum, vos trois maternités vous ont coûté trois ans de vie professionnelle. Quels obstacles avez-vous rencontrés sur votre chemin ?

Madeleine Berre : C’est une attitude souvent inconsciente chez les hommes et à laquelle les femmes cèdent sans s’en rendre compte. On nous retire des dossiers, on nous met de côté. Dans un univers dominé par la compétition, les femmes préfèrent donc parfois renoncer à leur maternité. Or, on ne peut pas être un leader sans réussir sa vie privée.

Comment avez-vous surmonté ces difficultés ?

Au début, j’ai pris sur moi. Puis, j’ai carrément dû changer d’environnement de travail. Sans stratégie consciente, je me suis entourée chez Deloitte de femmes que j’ai recrutées pour leurs compétences. Elles avaient les meilleurs CV. Je n’ai jamais eu la volonté de les culpabiliser même si j’étais très exigeante avec elles.

De plus en plus de femmes parviennent à des postes à responsabilité, et ce de plus en plus jeunes.

La maternité ne doit plus être perçue comme un facteur de baisse de rentabilité. De leur côté, les femmes ne doivent pas montrer que leur maternité est fatigante. Elles ne doivent pas la penser elles-mêmes comme un retrait. Il m’est arrivé de rappeler l’une de nos meilleures collaboratrices qui était en congé maternité alors que venait de tomber une importante mission chez l’un de nos plus gros clients pétroliers. L’amour de leur travail leur permettait d’y arriver.

Peut-on changer les mentalités ?

Cela va devenir une nécessité. De plus en plus de femmes parviennent à des postes à responsabilité, et ce de plus en plus jeunes. Cela passe par l’éducation, il faut confier davantage de rôles dans la tenue de la maison aux jeunes garçons. Dans notre environnement social et culturel, les femmes ne doivent plus, comme c’est trop souvent le cas, demeurer cantonnées à des fonctions subalternes telles que cuisiner ou assurer les tâches ménagères.

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