Attendra-t-on avril 2018 pour pourvoir le siège laissé vacant par Ernest Mpouho Epigat, jusque-là député de la Djouori-Agnili (Bongoville), suite à sa désignation, le 27 octobre dernier, aux fonctions de directeur général de la Société de Patrimoine du Service public de l’Eau potable, de l’Energie électrique et de l’Assainissement (SP) ? Rien n’est moins sûr. Tout semble plutôt être mis en œuvre pour que Malika Bongo, fille d’Ali Bongo, récupère «le siège de son père»…
Très peu d’observateurs ont réagi sur la nomination d’un député en exercice à une fonction exécutive. Est-ce parce que la pratique s’est tellement banalisée que l’on n’y prête plus attention ? Le cas d’Eloi Nzondo, il est vrai, est encore si présent dans les esprits : certains juristes de la présidence de la République ayant fait croire qu’il s’agissait en fait d’une «mission extraordinaire». Député du 1er siège du 3e arrondissement de Libreville, Eloi Nzondo, nommé Conseiller politique du président de la République en septembre dernier, serait, selon ces juristes, «un Conseiller politique en mission extraordinaire», du fait de son statut de parlementaire. Que diront-ils donc de la nomination d’Ernest Mpouho Epigat, autre député en exercice, au poste de directeur général de la Société de Patrimoine ?
Pour certains commentateurs, il est clair que cette nomination est destinée à ouvrir la porte de l’Assemblée nationale à Malika Bongo. De ce fait, les analystes politiques se disent convaincus de ce qu’une élection législative partielle va incessamment se tenir à Bongoville – entre décembre et janvier prochains, selon certaines prévisions – pour pourvoir le siège de député de cette circonscription politique. «Après la parenthèse Mpouho, les Bongo vont reprendre le siège qu’ils ont occupé de 1990 à 2009», semble ironiser Antoine Lassélégué, un cadre de la Lekei dans le département de la Djouori-Agnili. Selon ce dernier, «face aux hésitations actuelles de l’opposition – «on y va, on n’y va pas» -, Malika Bongo qui porte depuis quelque temps un regard attentif à ce siège va certainement se porter candidat et, mieux, en être l’unique candidat». Lors des dernières élections locales (décembre 2013), l’opinion a découvert que la fille aînée d’Ali Bongo, qui ne s’était jusque-là intéressée qu’à l’action humanitaire, était aussi une «mordue» de la politique. A l’issue de ce scrutin, elle fut élue adjoint au maire du 2e arrondissement d’Akanda.
Compensation : gros budget et grandes missions
Au regard de ce qui se susurre entre les cadres et haut-fonctionnaires de la circonscription de la Djouori-Agnili, le prochain porteur de l’écharpe parlementaire de cette contrée sera Malika Bongo. «Elle a effectué deux séjours à Bongoville ; on a tous compris qu’elle venait en repérage». Malika Bongo devrait certainement annoncer, dans les prochains jours, sa démission de son mandat de conseiller municipal à Akanda et de son poste d’adjoint au maire du 2e arrondissement de cette ville. Ce sera le premier signe de sa projection vers le Palais Léon-Mba.
En guise de compensation, Ernest Mpouho Epigat hérite d’un des meilleurs fromages de la République. Créée en 2011, la Société de Patrimoine du Service Public de l’eau potable, de l’énergie électrique et de l’assainissement jouit de l’autonomie financière et de l’autonomie de gestion administrative. Elle dispose d’un budget de 8 milliards de francs CFA qui devrait lui permettre de se mouvoir autant qu’il voudra. Elle a, entre autres missions, celle d’accompagner le gouvernement dans la fourniture d’eau et d’électricité aux populations. La compensation touche également son épouse. Celle-ci a été nommée, un mois plus tôt, au poste de Trésorier provincial de l’Estuaire (chef du Trésor Public dans la province de l’Estuaire). L’ancien ministre des Transports succède à Ruffin Ndouongo, en poste depuis juillet 2015 et qui va dorénavant servir à la Primature en qualité de Conseiller.