Le président de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR) a annoncé, 2 novembre à Libreville, avoir entamé une grève de la faim. Estimant que cette initiative vise à «épargner au pays un effondrement social et économique», Bruno Ben Moubamba a invité la population à manifester une volonté de renouveler le pays à travers une résistance morale.
L’ancien vice-premier ministre en charge des questions de l’habitat a entamé une grève de la faim depuis le 1er novembre. S’exprimant sur les raisons de cette initiative, le 2 novembre à Libreville, Bruno Ben Moubamba a souligné qu’elle vise à solliciter de la population, plus singulièrement du Parti démocratique gabonais (PDG), une action de repentance nationale destinée à «sauver le pays qui est en train de s’effondrer dans la crise sociale, économique alors même que l’Etat PDG se renforce malgré son échec de 50 ans».
«Nous ne pouvons pas entrer dans le 21e siècle s’il n’y a pas une repentance de la part du PDG. Voilà pourquoi, j’ai décidé en mon âme et conscience, huit ans après ma première grève de la faim qui demandait le report du processus électoral de 2009, qui n’avait pas été entendu mais qui avait inauguré la signature politique de Bruno Ben Moubamba… de rentrer, depuis 24 heures, dans une nouvelle grève de la faim, un jeûne politique pour la nation. C’est ma décision», a déclaré le président de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR).
Une décision que Bruno Ben Moubamba entend respecter, quelles que soient les conséquences. «Ce ne sera pas une grève de la faim spectaculaire parce qu’elle se vivra chez moi. Je suis déterminé par les moyens de la non-violence à pousser ce pays au changement et au renouveau», a-t-il indiqué. L’ancien membre du gouvernement n’a pas manqué de relever que l’essentiel de la population jeune est au chômage, avec un Etat qui s’endette, aggravant ainsi la crise économique et sociale.
Une description d’impuissance cristallisée selon lui par les actes du PDG. «L’Afrique francophone est dans les chaines depuis la nuit des temps. Il est temps de la libérer, et cela ne se fera ni par la violence et les guerres ni par la barbarie. Nous sommes une génération qui avons grandi au Gabon sous le parti-Etat : Le PDG. Et c’est ce parti qui sans avoir demandé pardon au peuple gabonais se prépare à organiser des conseils provinciaux sur toute l’étendue du territoire sans aucune repentance. Et c’est ce parti qui pourrait à l’occasion de son congrès, renouveler les piliers du parti-Etat sans tenir compte du sacrifice de toute une génération», a-t-il accusé, appelant le président de la République à le faire disparaître.
«Je demande solennellement au Chef de l’Etat de tirer les conclusions de l’échec du PDG. Ce parti doit être dissout, il doit être démantelé. Et nous devons aller vers la réconciliation nationale, avec toutes les forces vives de la nation », a exhorté le président de l’ACR. Il a estimé que le pays ne peut appartenir à une caste politique, «avec une arrogance alors même que tout le monde a besoin de ce Gabon. Rien ne se passe, malgré les aides. Moi-même, je suis allé jusqu’à sacrifier mon image et à intégrer le gouvernement avec les pédégistes. Mais même les actes sacrificiels politiques ne sont pas compris».
Ni putschiste ni va-en-guerre Bruno Ben Moubamba a dit n’utiliser que les armes prophétiques, celles de la providence, c’est-à-dire la privation. Même s’il dit savoir qu’au Gabon, on se moque des actes de civilisation tels que la grève de la faim. «J’adresserai une lettre ouverte dès demain à Macron, Trump, et aux dirigeants européens pour leur demander d’user du rang qui est le leur pour favoriser l’émergence d’un nouvel espoir pour les jeunes africains qui n’ont plus d’espoir. Ils n’ont plus d’espoir parce qu’il n’y a aucune possibilité de se développer en Afrique», a-t-il fait savoir, appelant de ce fait la population à la résistance morale.
«Les partis politiques, les associations, et même les églises sont invités à manifester cette volonté de changer et de renouveler le pays sans violence et sans haine, en se privant, ne serait ce que quelques jours», a conseillé le leader de l’ACR. Un pardon national, plus particulièrement des dirigeants, avec la perspective d’un renouvellement réel des fondements de la nation, devrait l’emmener à suspendre son action.
Auteur : Alain Mouanda