En dépit de la publication, en 2014, d’un arrêté axé sur l’humanisation de la détention, la préparation à la réinsertion sociale du détenu, la question de la dignité du détenu se pose toujours avec acuité.
La «dignité humaine dans le système pénitentiaire gabonais» était au cœur d’une récente sortie de l’Association gabonais de droit pénal (AGDP). «Le système pénitentiaire gabonais est demeuré embryonnaire, carentiel et lacunaire», a déploré le président de l’AGDP. «Il présente un tableau peu reluisant pour les droits de l’homme en général et les droits des détenus en particulier», a alerté Bertrand Homa Moussavou.
Un coup de gueule motivée par la non-prise en compte, en milieu carcéral, d’un arrêté du ministère de la Justice publié en 2014. Ce texte qui porte sur le règlement intérieur des établissements pénitentiaires est axé sur l’humanisation de la détention, la préparation à la réinsertion sociale du détenu.
Prisons en piteux état, surpopulation, service pénitencier ne respectant aucune norme,… l’environnement carcéral gabonais est présenté comme l’exemple de milieu de non-respect des droits de l’homme. «Le détenu ne doit donc pas être soumis à traitement ayant pour effet de l’humilier ou de le rabaisser dans sa personnalité et susceptible de créer un sentiment d’angoisse et d’infériorité. Ce qui est interdit ici c’est l’intention délibérée d’humilier», a décrié Bertrand Homa Moussavou.
De nombreux manquements sont relevés dans cet univers où «la vie devient une chose banale». Or, le règlement intérieur prévoit de redonner une nouvelle chance, un rattrapage à «ces personnes s’étant écartées du droit chemin ou ayant commis des erreurs». Ce qui devrait passer par la formation professionnelle, le sport, les activités spirituelles et socio-éducatives, en vue d’apporter au détenu épanouissement et mieux-être.
L’AGDP a espéré que ce règlement intérieur sera exhumé et participera à la mise en place des mécanismes d’amélioration des conditions de vie en milieu carcérale. Notamment, au regard des discours politiques affirmant régulièrement la volonté du gouvernement d’humaniser les conditions de détention, afin d’être en phase avec les exigences des droits de l’homme.