L’opposant Jean Ping, qui conteste toujours la réélection d’Ali Bongo Ondimba à la tête de l’État gabonais en août 2016, veut faire « échouer » la révision de la Constitution voulue par le gouvernement et qui doit être débattue au Parlement prochainement.
« Nous devons faire échouer cette révision constitutionnelle (…). Nous devons la faire échouer parce qu’elle porte en elle les germes de la liquidation de la République et (…) l’instauration d’un royaume au Gabon », a déclaré Jean Ping samedi dans une adresse à ses militants, à sa résidence de Libreville.
Ce projet porte notamment sur « la détermination des rapports entre le président et le gouvernement en cas de cohabitation », « le renforcement des pouvoirs de contrôle du Parlement » ou encore la création d’une Cour de Justice de la République pour juger les hauts responsables de l’État.
Adopté fin septembre en Conseil des ministres et devant maintenant être débattu au Parlement, il met en application les actes du « dialogue politique » (mars-mai 2017) souhaité par l’exécutif pour tourner la page d’une présidentielle 2016 marquée par des violences post-électorales encore dans toutes les têtes.
Le scrutin a abouti à la réélection d’Ali Bongo Ondimba (fils de l’ancien président Omar Bongo), au pouvoir depuis 2009, alors que l’opposition rattachée à Jean Ping considère toujours ce dernier comme « président élu ».
Sous une pluie battante, Jean Ping a estimé samedi que ce projet de révision constitutionnelle est une « violation du principe de la séparation des pouvoirs » et une « dérive autocratique ».
Par ce discours, l’opposant a déclaré qu’il s’engage à « garantir que certaines dispositions de notre loi fondamentale ne fassent l’objet d’aucune révision constitutionnelle ».
Ne tarissant pas de critiques à l’encontre du pouvoir en place (« mafieux », « putschiste », « dictatorial », « sanguinaire »…), il a martelé que « le combat pour la libération de notre pays doit continuer à être un enjeu vital », tandis que la mobilisation populaire a faibli au fil des mois.
Le débat sur la nouvelle Constitution s’inscrit dans la perspective des prochaines législatives: prévues initialement pour décembre 2016, le scrutin a été reporté deux fois et devrait avoir lieu finalement autour d’avril 2018, selon le gouvernement.
Une partie de l’opposition a dénoncé ce report, alors que ses membres oscillent entre boycott et participation au scrutin, dans un pays qui n’a jamais connu de cohabitation.