Au cours d’un attroupement de lycéens, mercredi 8 novembre à Libreville, un gendarme a complètement perdu son sang-froid et lancé une grenade lacrymogène dans un minibus alors qu’il était rempli de passagers. Notre Observateur était sur les lieux au moment de l’incident. Selon lui, le geste brutal du gendarme a fait trois blessés.
Filmée par un témoin, la scène se déroule dans le quartier PK7 de Libreville, aux alentours de 7 heures du matin. Des adolescents se bousculent pour tenter de monter dans un minibus afin de se rendre à leur lycée. Mais quand le véhicule s’apprête à démarrer, un gendarme qui se tient devant la porte jette une grenade lacrymogène à l’intérieur, semant la panique. Le gendarme repousse ensuite violemment les lycéens restés à l’extérieur du véhicule et qui tentent d’ouvrir la portière pour secourir leurs camarades. Finalement, ils parviennent à briser les vitres du véhicule à coups de poing pour les extirper.
« Un gendarme a marché sur le pied d’un élève et a refusé de s’excuser »
Pierre (pseudonyme) est un élève du lycée technique Omar Bongo. Il a assisté à la scène mercredi matin.
Nous attendions le taxi-bus avec d’autres élèves du lycée technique Omar Bongo. Les taxis-bus refusent régulièrement de nous prendre, car nous sommes selon eux synonymes de désordre, nous avons la réputation d’être des perturbateurs. C’est lié au fait qu’il y a depuis un moment des grèves des enseignants et des élèves en solidarité quasiment chaque année. Du coup il arrive que les élèves du lycée fassent des barrages pour obliger les taxis bus à les prendre.
C’est ce qui s’est passé mercredi au PK7. Des gendarmes patrouillaient suite à ce barrage, et l’un a marché sur le pied d’un élève. L’élève lui a demandé de s’excuser mais le gendarme a refusé, l’élève lui a alors mal parlé [à la télévision TV+ Gabon, un élève a affirmé que l’élève a dit au gendarme : « on veut aller à l’école, ne nous embête pas, si tu n’as pas fait l’école ce n’est pas notre faute « , NDLR] ce qui n’a pas plu au gendarme, qui a giflé l’élève. Avec deux autres gendarmes, ils l’ont attrapé et ont voulu le menotter. Des élèves sont intervenus pour les séparer, ils sont parvenus à escorter l’élève jusque dans le taxi-bus. C’est là qu’un gendarme a lancé la bombe lacrymogène dans le véhicule. Un élève a essayé d’ouvrir la portière, mais un gendarme a tenté de l’en empêcher. On a entendu quelqu’un crier derrière nous : « cassez les vitres « . Avec d’autres je suis allé vers le véhicule pour aider à les briser et permettre à ceux qui pouvaient de sortir.
J’ai compté au moins trois blessés qui sont partis à l’hôpital : une jeune fille qui étaient enceinte, un élève qui suffoquait, et un autre qui s’est blessé en cassant la vitre. Ce n’est de loin pas la première fois que les gendarmes s’en prennent à des élèves de notre lycée. Il y a des mouvements de grève, causés notamment par l’état catastrophique des équipements, dans ce lycée les salles de classe son pourries, et on manque d’enseignants. Souvent, les grèves des élèves sont organisées en soutien à celle des enseignants qui demandent plus de moyens.
La rédaction des Observateurs de France 24, basée à Paris, a contacté le ministre de la Défense du Gabon – dont dépend la gendarmerie – Etienne Massard Kabinda Makaga par téléphone. Il a refusé de répondre à nos questions, arguant : « le ministère de la Défense du Gabon ne répond pas à des questions d’individus qui prétendent être des journalistes » et refusant toutes nos propositions visant à attester de notre identité. Il a assuré n’avoir « rien à cacher » et ajouté qu’il était prêt à nous recevoir de visu dans son bureau à Libreville.
Une exposition au gaz lacrymogène peut provoquer à court terme plusieurs troubles de la santé : irritation des voies respiratoires, nausées, vomissements, douleurs thoraciques. Les effets à long terme de ces gaz peuvent être plus importants. Les femmes enceintes risquent d’avoir des enfants avec des malformations.