Le projet de loi constitutionnelle adopté en septembre en conseil des ministres est diversément apprécié par les acteurs de l’opposition. La loi fait craindre que le pouvoir présidentiel soit encore plus fort.
Pour l’opposition, le projet de loi constitutionnelle porte en lui une tentative de monarchisation du pouvoir. Alors que le projet va bientôt passer devant le parlement, l’opposition s’attarde sur la modification de l’article 8 qui conférerait tout le pouvoir exécutif au président de la République. C’est notamment le point de vue défendu par Jean Christophe Owono Nguema.
Ce sénateur soutient que le projet de révision constitutionnelle a été adopté par le conseil des ministres du 28 septembre 2017 « sous la dictée de son initiateur (le président Ali Bongo, ndlr), a plutôt notamment comme objectif de concentrer tous les pouvoirs entre les mains de celui-ci » Monsieur Nguema croit aussi que l’initiative constitutionnelle « voudrait consacrer l’immunité du président et l’impunité de ses complices et autres affidés. Nous ne pouvons pas l’accepter » conclut-il.
Or certains citoyens gabonais pensent qu’ils faudrait déjà appliquer la constitution actuelle.
Une loi nécessaire selon le camp présidentiel
Sans surprise, Marie Rosine Itsana, membre de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (UDIS), un parti politique qui soutient le président Ali Bongo défend le projet de loi. Ce projet dit-elle, « n’abonde en aucun cas dans le sens d’une monarchisation du Gabon ». Au contraire, pense-t-elle, « ce projet vient conforter la qualité républicaine du Gabon en ce sens qu’il est avangardiste sur des questions telle que cette de la cohabitation ».
Plus modéré, Pierre Claver Manganga Moussavou, vice-président du Gabon depuis la fin du dialogue politique organisé par Ali Bongo invite ses camarades de l’opposition à plus se focaliser sur la possibilité d’une alternance lors des prochaines élections législatives. Une manière pour l’opposition selon lui, de créer « une force qui pourrait exister réellement dans la prochaine Assemblée nationale en vue de favoriser des politiques qui confèrent de vraies libertés à un peuple qui en a grandement besoin ».
Ancien Ministre de l’intérieur, Louis Gaston Mayila se veut plus neutre. Il recommande de solliciter directement l’avis du peuple gabonais : « Quand on va aller au référendum, moi j’airai faire campagne pour le non et je dirai pourquoi. D’autres iront faire campagne pour le oui et ils diront pourquoi. Et, le peuple jugera ».
Avec un parlement quasiment composé de membres du parti au pouvoir, l’opposition crie déjà à un passage en force.