Les conclusions d’une étude réalisée par l’Unicef, l’Unesco et l’UNFPA montrent que le phénomène des grossesses précoces reste une réalité dans le milieu scolaire au Gabon. Celles-ci classent la province du Woleu-Ntem et celle de la Nyanga parmi les plus touchées.
Les grossesses précoces restent une réalité en milieu scolaire au Gabon, en dépit des campagnes de sensibilisation, y compris sur le VIH/Sida, organisées chaque année par plusieurs organisations. Près de 40% des jeunes filles scolarisées sont concernées par le phénomène, indique l’étude de l’Unicef, l’Unesco et l’UNFPA présentée officiellement le 13 novembre à Libreville. 58% des adolescentes interrogées n’utilisent aucune des solutions contraceptives à leur disposition. 79% ont d’ailleurs une mauvaise connaissance du Sida et 89% restent ignorantes quant à leur cycle menstruel.
Sur les 705 élèves-mères interrogées dans le cadre de cette étude menée dans tout le pays, 570 avouent avoir eu leur première grossesse avant l’âge de 20 ans, soit 81% de l’échantillon. Parmi celles-ci, 29% ne cachent pas qu’elles ont eu leurs premiers rapports sexuels avant l’âge de 15 ans et 97% à 20 ans. Il a également été révélé que 53% de ces jeunes filles scolarisées ont leur première grossesse avant la classe de 3e et 70% avant la Terminale.
Sur le plan national, un classement a été fait par les initiateurs de cette étude. Et au «jeu» des grossesses précoces, la province du Woleu-Ntem sort vainqueur avec 97% de jeunes filles scolarisées concernées. Elle est suivie par la Nyanga (93%), l’Ogooué-Ivindo (80%), l’Estuaire (79%), le Moyen-Ogooué et la Ngounié (77), l’Ogooué-Lolo (76%), l’Ogooué-Maritime (74%) et le Haut-Ogooué (70%).
Parmi les causes du phénomène, l’Unicef, l’Unesco et l’UNFPA citent l’irresponsabilité de certains parents, le défaut ou le peu de communication entre parents et enfants sur la question, la précarité et le phénomène de concubinage précoce. 17% des élèves-mères interrogées avouent vivre en union, soit avec le père de leur enfant, soit avec un autre homme.
A travers la publication de cette étude, ses initiateurs souhaitent «attirer l’attention des autorités nationales, des partenaires au développement et du grand sur un phénomène qui est plus que jamais d’actualité, et qui condamne chaque année nos jeunes filles et leurs enfants à la pauvreté voire à la maladie et parfois à la mort». Au ministère de l’Education nationale, on se dit «très préoccupé», notamment en raison du taux de décrochage scolaire, une des principales conséquences des grossesses précoces, que Nadine Patricia Anguile Obame a estimé à 40%. De nouvelles campagnes de sensibilisation devraient être organisées durant l’année scolaire 2017-2018 en cours.