Entamée le 1er novembre dernier, la grève de la faim de l’ancien Ministre de l’Habitat passe presqu’inaperçue alors que Bruno Ben Moubamba, selon les photos postées sur son compte facebook, manque déjà de force. Reste donc aux autorités de s’armer de courage pour lui faire entendre raison, si elles ne peuvent pas lui garantir le « Gabon d’après », qui reste son seul motif de grève de la faim.
C’est en homme affaibli, pâle, avec des joues creuses et un visage émacié que Bruno Ben Moubamba apparaît sur des photos postées sur son mur facebook. Une opération de communication sans doute pour attirer l’attention des gouvernants quant au sérieux de son entreprise. L’ancien Ministre de l’Habitat du gouvernement Issoze-Ngoondet, a certainement pris la mesure de l’indifférence généralisée qui entoure son action qu’on pourrait qualifier de solitaire. Partisan de la lutte pacifique, le président de l’ACR, l’Alliance pour le Changement et le Renouveau estime que la grève de la faim reste le meilleur combat pour contraindre les décideurs à prendre conscience de leur échec, afin de construire un Gabon nouveau.
Décidément, l’homme n’en a pas encore fini avec ses mises en scène depuis qu’il a été congédié du Gouvernement en septembre dernier. Débutée le 1er novembre, cette grève observée à domicile vise à exiger du Parti Démocratique Gabonais au pouvoir qu’il demande pardon publiquement aux Gabonais pour tout le mal fait au pays depuis 50 ans. Mieux, il demande à Ali Bongo Ondimba de dissoudre le PDG, qui reste selon lui, le principal responsable de la misère des populations. Et cette dissolution d’un PDG reste la condition sine qua non pour le décollage du pays, « le Gabon d’après ».
Demandes impossibles
Demander à Ali Bongo qu’il dissolve le parti qui assoit son pouvoir, c’est comme lui donner la mer à boire. Tout comme exiger du PDG qu’il demande pardon publiquement au Gabonais pour tout le mal commis depuis son installation au pouvoir en 1968, serait une vraie plaisanterie d’un Moubamba, qui, visiblement ne sait plus où donner de la tête pour être repêché au Gouvernement. Si les motifs de ce jeûne ne sont pas susceptibles d’émouvoir outre-mesure le pouvoir qui doit le railler, Bruno Ben Moubamba devrait certainement être reconnu comme détenteur du record national des grèves de la faim, (Ndlr : la première ayant eu lieu en 2009 pour exiger le report du processus électoral).
Un homme incompris ?
C’est le malheur de l’homme dont le combat ne semble toujours pas capter l’adhésion des populations qui le prennent parfois pour un metteur en scène. Au-delà de ses bonnes intentions pour son « Gabon d’après », Bruno Ben Moubamba reste un homme esseulé, délaissé. Le problème est certainement à rechercher dans son instabilité politique chronique. En papillonnant souvent entre l’opposition radicale et l’opposition modérée, l’ancien membre du gouvernement a laissé derrière lui l’image d’un leader en perpétuelle errance politique.
Voilà qui réduit à néant son jeûne national. Que ce soit du côté de la majorité ou de l’opposition, personne visiblement ne semble partager l’action de Bruno Ben Moubamba pour le bien du Gabon. C’est un combat perdu. Et il appartient dorénavant aux autorités de lui faire entendre raison, en lui exprimant clairement leur impossibilité à satisfaire ses demandes. Cela est d’autant plus pertinent qu’elles pourraient être tenues pour responsables au cas où venait à se produire le pire. Evitez le pire à Bruno Ben Moubamba !!!!
LENO KOLEBA