« Relancer le secteur des PME » à travers l’apport de l’entreprenariat, voilà bien des années que le Gabon vend cette politique. Pourtant, il faut reconnaître aujourd’hui et à juste titre que le pays n’est encore parvenu à cette ambition. Bien que des politiques d’incitation à l’entreprenariat aient été mise en place, l’entreprenariat national tâtonne sur plusieurs points. Décryptage.
En dépit de l’effervescence autour de la question de l’entreprenariat au niveau national et de l’impression de mobilisation autour de cette problématique, le Rapport Doing business de la Banque mondiale publié récemment, reflète par force de démonstrations, une réalité moins optimiste. En effet, le tableau détaillé du rapport de l’organisme international montre un certain repli de l’environnement des affaires alors que les autorités s’activent au quotidien à inverser les tendances du passé.
Malgré des cours et formations à l’entreprenariat, des politiques d’incitations et des réformes publiques dans ce sens, ces efforts publics demeurent toutefois sans grands effets notoires. Le Rapport Doing Business 2018 illustre cette tendance. A la différence du classement de 2016 où le pays occupait la 164e place mondiale, le Gabon a perdu trois places dans le Rapport Doing Business 2018. Une position qui traduit peut-être une non mobilisation autour des réformes entreprises ou encore le manque de pertinence de ces réformes.
Réformes peu efficaces ?
Le développement des entreprises individuelles, les TPE et PME est depuis quelques années, au centre des préoccupations du gouvernement qui a délégué à l’Agence nationale de la promotion des investissements (ANPI), le pouvoir de mise en solution de ces préoccupations en termes de création d’entreprise et d’incitation à l’investissement. Récemment créée par souci de proximité, l’ANPI prend depuis quelques mois le relais de plusieurs entités de gestion des PME dont l’ex Promogabon ou encore le Centre de développement des entreprises (CDE) avec une mission fondamentale centrée au cœur du développement de la PME Gabonaise.
Un enjeu d’autant plus complexe car, à la différence d’autres pays, la culture entrepreneuriale est très peu ancrée dans la conscience collective nationale. Un mal nourri au fil des années par le prestige du potentiel en ressources naturelles du sol et du sous-sol territorial qui malheureusement n’a pas profité au bien-être de la population. Pour se défaire de ce cliché et accompagner l’action de l’ANPI, des mesures d’incitations à l’entreprenariat ou investissement privé ont été mises en place. Une orientation qui se manifeste désormais par l’effervescence autour de l’entreprenariat au niveau national auquel se colle tout le monde : Gouvernement, ministère des PME, incubateurs (JA Gabon, APJA et bien d’autres), institutions, plus personne ne veut rester à la traine de ce vent de renouveau économique.
Or, contrairement à ce mouvement d’ensemble bien que le Rapport de la Banque mondiale montre une amélioration en termes de création d’entreprise au Gabon avec une 132e place mondiale, le pays accuse un grand retard dans d’autres domaines comme par exemple celui de la protection des investisseurs ou encore l’obtention des prêts qui représente une moyenne de 6 points. Des retards renforcés par la longueur des procédures administratives de création d’entreprise bien que leurs délais aient été revus à la baisse. Une trentaine de jours actuellement contre plus de 50 au départ. Face à ce bref constat, comment alors mesurer l’entreprenariat au niveau national ?
L’entreprenariat, un serpent de mer
Depuis la prise de conscience de la fin annoncée du pétrole, le gouvernement a tout fait pour décloisonner l’environnement des affaires par la simplification des procédures de création d’entreprises. Si certains chiffres semblent conforter une fulgurante percée de l’entreprenariat au Gabon, loin des discours de promotion, de challenges organisés ci et là et de toute initiative du genre nationale, le terrain n’est pas pour autant déjà conquis.
Bon nombre de jeunes entrepreneurs peinent à sortir de l’auberge en raison des facteurs parfois liées à la corruption lorsqu’il s’agit d’entreprendre mais également en raison de nombreuses contraintes. Si non, combien d’entreprises nées entre 2014 et 2017 font le bonheur de l’économie nationale ? Combien de ces entreprises emploient réellement des gabonais ? Derrière ces questions, le profond besoin de matérialiser cette volonté nationale et publique s’accentue et la mobilisation autour de cette problématique montre à suffisance que rien n’est encore gagné.
Michaël Moukouangui Moukala