Le procureur a estimé que l’attaque était prémédité mais qu’il était encore trop tôt pour évaluer si l’acte était isolé ou concerté.
L’enquête sur l’attaque au couteau, aux cris de « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand, en arabe), qui a visé samedi deux Danois dans un village artisanal de Libreville progresse.
Le procureur Steeve Ndong Essame Ndong, qui s’est exprimé pour la première fois sur l’affaire mardi, a expliqué que « des indices concordants laisseraient penser que l’assaillant avait filé le couple danois et prémédité son agression ».
L’auteur de l’attaque visait « des blancs »
Le profil de l’assaillant, identifié dimanche comme étant Arouna Adamou, un Nigérien de 53 ans, se précise également. Selon le procureur, celui-ci vit « régulièrement au Gabon depuis 19 ans (…) , où il exerce une petite activité d’épicier. Il séjournait à Libreville depuis le 14 décembre dans le but de commettre cet acte lâche « contre des blancs », selon ses propres termes ».
Interpellé au moment des faits, il avait dit alors avoir agi « en représailles aux attaques des États-Unis contre les musulmans et à la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël », selon les autorités gabonaises.
Une perquisition a été simultanément effectuée au domicile de l’assaillant, à Booué, à l’Est de Libreville dans le centre du Gabon. « Plusieurs documents ont été saisis et placés comme pièces à conviction », ajouté le procureur qui a précisé qu’à ce stade, « les éléments en notre possession ne nous permettent pas encore de déterminer si l’acte perpétré par l’assaillant est isolé ou concerté ».
» Onde de choc »
Les deux victimes, un homme et une femme, effectuaient un reportage au Gabon pour la chaîne de télévision National Geographic. Elles ont été poignardées alors qu’elles effectuaient des achats samedi matin dans le marché artisanal. Toutes deux ont été hospitalisées à l’hôpital militaire de la capitale.
La vie de l’homme, grièvement blessé au dos et au cou, « ne serait plus en danger aux dires des médecins », selon le procureur.
La presse locale a largement couvert l’événement. « L’attaque a provoqué une onde de choc dans le pays », écrit ainsi le quotidien pro-gouvernemental L’Union, qui s’interroge sur « la menace terroriste » et évoque un « acte jihadiste » dont l’auteur « donne tous les signes d’un intégrisme religieux faisant rage sous d’autres cieux ». Des qualificatifs que le gouvernement se refuse pour l’instant à utiliser.
Très majoritairement chrétien, le Gabon, où l’insécurité est réduite, n’avait encore jamais connu ce genre d’attaque à connotation islamiste et dirigée contre des Occidentaux, nombreux à vivre sur place.
Mise en garde du Quai d’Orsay
Le ministre de la Défense a appelé la population « à rester prudentes et à éviter les amalgames ». Le Quai d’Orsay a mis en garde les voyageurs français au Gabon, les invitants « à faire preuve de vigilance dans les lieux publics ».
Dimanche matin, au lendemain de l’attaque, la police et la gendarmerie ont procédé à l’arrestation de commerçants du marché . « A ce jour, selon un bilan provisoire des investigations, 38 personnes, originaires de l’Afrique de l’Ouest, sont gardées à vue pour les nécessités de l’enquête », a précise le procureur.
Une reconstitution des faits et la perquisition du village artisanal ont également eu lieu, le procureur a précisé que le site, habituellement fréquenté par les touristes, restera fermé jusqu’à nouvel ordre.
Par Jeune Afrique avec AFP